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Serge Camatchy : « Les cantonales serviront de tremplin à Emergence pour 2014 »

Serge Camatchy, le 9ème Vice-Président du Conseil régional délégué à la santé s'engouffre tout doucement dans la campagne des cantonales. Une bataille qui le tient à cœur après avoir quitté l'assemblée départementale en 2004, contraint de laisser sa place à un certain Eric Fruteau déjà, quatre ans avant la mairie. Plus récemment, il a été élu à la tête de la Conférence de la Santé et de l’Autonomie (CSA), ce tout nouvel organe consultatif qui participe à la définition de la politique de santé pour l'île, un sujet tout trouvé pour ce professionnel de la santé dans le civil. Il dresse un premier bilan de 9 mois de mandature à la Région tout en gardant un œil attentif sur les candidats déclarés ou "hésitants" sur le canton 2 de Saint-André. Allusion à peine voilée au droit de regard de Jean-Paul Virapoullé sur sa ville de toujours. Entretien avec Serge Camatchy.

Ecrit par Ludovic Grondin – le jeudi 16 décembre 2010 à 07H07

Zinfos : Comment se porte votre mouvement Emergence Réunion après plus de deux d’existence ?
Serge Camatchy : « Nous comptons environ 500 adhérents. Nous ne sommes pas pressés. D’habitude, ce qui se passe, c’est que des mouvements se créent avant les élections. Emergence réunion s’est monté, à l’inverse, après les municipales de 2008. Il s’agissait de dire que le système de l’époque ne répondait plus à l’attente de la population, qu’il était devenu archaïque ».

Pourquoi avoir créé Emergence Réunion ?

« Le but est de créer une nouvelle classe politique qui soit capable, dans quelques années, de prendre la place des hommes politiques actuels. C’est un mouvement à part, c’est surtout un mouvement de réflexion et non un parti politique à proprement parler. Nous assurons la formation de nos membres. Par exemple, ce samedi nous avons un séminaire qui nous réunira*. Notre mouvement portera ses fruits courant 2014. On se prépare à cette échéance ».

Sans l’appui d’un parti, comment se finance ce mouvement ?
« Nous avons des adhésions certes mais ça reste minime. Le parti est autofinancé. Ca aussi c’est une autre façon de faire de la politique, c’est aussi un moyen d’avoir sa liberté. Les choses se passent différemment si vous êtes encarté ».

Une décision prise pour vous démarquer définitivement de Jean-Paul Virapoullé après l’échec des municipales ?
« J’ai quitté la mairie de Saint-André et non pas été mis dehors. Il n’y avait plus de consultation de la population avant les grandes décisions. J’avais l’impression qu’il fallait faire vite et mal. Cet épisode m’a permis de redécouvrir la Réunion. C’est en sillonnant l’île que j’ai eu des messages d’encouragement de gens selon lesquels il fallait continuer le combat. C’est pas croyable comment, malgré la défaite de 2008, les gens sont restés sympathiques à mon égard ».

Qu’est-ce qui fait de votre mouvement un mouvement à part ?
« Notre philosophie, c’est de lutter contre le gaspillage public. Nous voulons moraliser la politique. »

Quels sont les caractéristiques que doivent avoir vos poulains pour entrer réellement dans l’arène politique en 2014 ?
« Il faut qu’ils soient disponibles, qu’ils aient la carrure et aussi qu’ils aient, eux-mêmes, sécurisé leurs situations respectives. A quoi bon vouloir donner des leçons aux électeurs si on n’est pas soi-même à l’abri avec une carrière qui vous donne une légitimité. Moi, j’ai travaillé 40 ans à l’hôpital. Je ne suis pas là pour prendre l’argent public. Mon papa m’a toujours dit : « balaye devant ta porte avant tout« . Je n’accepterai pas de remarques de gens qui diraient « là ou la ni fé la politique pou b…. l’argent d’moun« .

Votre engagement politique est-il né justement d’une implication de vos parents par exemple ?

« Pas du tout. Disons que j’ai vécu dans la politique depuis très tôt. Je m’y intéressais déjà quand j’étais plus jeune. J’ai fait partie du monde associatif également. Pour l’anecdote, en 1977, Virapoullé m’a demandé si je voulais être sur sa liste aux municipales, j’avais refusé, je ne me sentais pas prêt. »

 

Même si Emergence Réunion se prépare plutôt pour le long terme, couvrira-t-il certains cantons en 2011 ?
« Oui. Nous avons 4 candidats qui se présenteront. Il y a Jacky Grondin (canton des Avirons et membre de l’opposition municipale depuis 2008), Alain Puelle (canton 2 de Saint-Denis et judoka impliqué dans le milieu sportif), Jean-Paul Mardeya (canton 1 Saint-André, professeur au lycée de Bras-Panon et issu d’une famille d’agriculteurs) et moi-même. Nous nous présenterons car il faut éviter le syndrome du candidat unique. En ne proposant qu’une sensibilité au premier tour, on démotive l’électorat et on favorise l’abstention ».

Des rapprochements pourront-ils avoir lieu au second tour ?
« Il y a déjà eu des tentatives d’approches depuis quelques temps mais je n’en dirai pas plus ».

Le revers de 2008 à la mairie de Saint-André avait été précédé d’un premier en 2004…

« Quand j’ai perdu mon canton en 2004, tout le monde me voyait président du Conseil général. J’étais bien apprécié, sans me jeter de fleurs évidement. Mais je pense que j’ai perdu dans des circonstances douteuses ».

Qu’appelez-vous des « circonstances douteuses » ?

« On me voyait aussi futur maire de Saint-André, donc j’étais l’homme qui devait gêner. Comment un candidat idéalement placé avec 44% au premier tour peut se retrouver dépassé au second ? C’était malgré tout une défaite la tête haute. ça ne m’a pas empêché de poursuivre à la mairie en tant que 1er adjoint au maire ».

Qu’est-ce qui a pu amener la perte de la mairie, si ce n’est l’envie d’alternance de la population ?

« Paul Vergès, Camille Sudre, Claude Hoareau se sont cassés les dents sur la mairie de Saint-André. On tenait bien la mairie mais le souhait d’alternance a dû jouer. Mais plus largement, ce que je reproche à la droite c’est quand on gagne les élections, on oublie trop vite les engagements et surtout le côté relationnel avec la population. Je peux également regretter que l’union de la droite ne s’effectue toujours que la veille des élections. »

Votre union avec la liste « Réunion en confiance » (celle de Didier Robert aux Régionales) avait pu éviter ce reproche ?
« Pour la petite histoire, nous devions donner notre accord le mercredi pour le dimanche. Nous avons donné notre réponse positive le vendredi, sans attendre plus. Même si nous étions les derniers invités, j’ai pris la parole lors de la réunion du 13 décembre 2009 qui s’est déroulée à Mon caprice à Saint-Pierre. J’ai dit, en substance, ceci : « si vous voulez faire l’union, nous on signe tout de suite. Une union solide, efficace et sincère ».

 

Comment jugez-vous les premiers mois de votre prise de fonction à la pyramide inversée ?
« Au début, je voulais avoir la délégation de l’aménagement du territoire, un gros morceau donc, mais David Lorion avait commencé à travailler sur le sujet, il était normal qu’il continue. Et puis, vu ma carrière dans le civil, il était logique que je prenne la délégation santé ».

Votre mouvement en marge de l’UMP bénéficie-t-il d’une place à part au sein de la majorité, pouvant créer des distensions ?
« Ce qui est bien à la Région, c’est qu’on ne parle pas d’UMP ou d’autres composantes. On a réussi à se rejoindre sur un projet commun. Les Réunionnais le voulaient également. Quand je vois l’opposition toujours parler de tram-train et de MCUR encore maintenantR je me dis que de leur côté le disque est rayé. J’ai pourtant eu des discussions avec madame Gaud ou monsieur Sudre par exemple, je crois qu’ils n’ont pas compris que les réunionnais ont voulu autre chose. Ça suffit ».

Qu’est-ce qui en neuf mois de mandature a été lancé au sein de votre portefeuille « santé » ?
« Déjà nous avons avancé sur le dossier de l’agrément (PAES) des infirmiers et des anesthésistes en bloc opératoire, sur l’épineux dossier de la formation des kinés. Avec l’Université de la Réunion, nous allons proposer une sorte de prépa pour cette branche. Ils auront la même prépa que celle dont bénéficient les futurs médecins actuellement. Ensuite, les ambulanciers, auxiliaires de vie et aides soignantes ont intégré l’aide financière de la Région. Enfin, la création de la Conférence de la Santé et de l’Autonomie a organisé, avec l’ARS, la 1ère conférence régionale Santé et autonomie ».

Plus globalement, comment jugez-vous les premiers mois de votre nouvelle équipe ?
« Le Plan ordinateur portable, le nouveau plan de formation Etat/Région/Rectorat pour mettre en adéquation offres et demandes, les accords Matignon 2, les 350 millions d’euros du plan de relance. C’est déjà pas mal pour si peu de temps ».

La campagne a-t-elle déjà commencé pour vous ?
« Il n’y a pas de début de campagne pour moi vu que j’ai toujours été sur le terrain. Comme ça ne s’est jamais arrêté, je peux dire que c’est juste une continuité ».

Le canton 2 de Saint-André va t-il se jouer à deux ou trois têtes d’affiche ?
« Jean-Paul Virapoullé semble (hésitation) plutôt… partant, qu’en pensez-vous ? (sourires). Je pense qu’il est en train de réfléchir. Quant à Eric Fruteau, les derniers résultats des régionales sur la commune de l’Est ne sont pas franchement positifs pour lui, même si la configuration des régionales en fait une élection à part. »

———
Résultats second tour des cantonales de 2004 :
Eric FRUTEAU : 59,52% (1er tour : 42,41%)
Serge CAMATCHY : 40,48% (1er tour : 43,71%)

*entretien réalisé le 7 décembre

 

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