Le discours est radical. Sans tourner autour du pot, Eric Beeharry compte sur son culot pour faire bouger les lignes. Loin de se bercer d’illusions sur l’issue de sénatoriales largement dévolues aux seigneurs de la politique, il n’en espère pas moins se faire un nom, avant de penser aux législatives.
Il ne peut encore annoncer les noms de la liste "Ensemble" mais les "contacts avec des responsables associatifs" se poursuivent, dit-il. Objectif : boucler une liste dans les prochains jours. Le jeune candidat, non officiel, a encore à apprendre des ficelles de la politique. En mars dernier, ses bulletins de vote avaient été retirés des bureaux du canton 2 de Saint-Denis où il s’était présenté. Des bulletins retirés visiblement pour un défaut sur les spécifications, les règlements ne transigent pas. De quoi donc relativiser un score de 0,2% (soit 8 voix) obtenu dans cette élection tronquée selon lui. "Même aux conseils de classe de 30 élèves j’obtenais plus de voix alors que là on avait affaire à des milliers d’électeurs".
Loin de se décourager, le jeune persiste. "Même s’il ne faut pas mettre tous les politiques dans le même panier", peu d’entre eux trouvent grâce à ses yeux. "Les partis traditionnels ne sont pas au fait des réalités économiques. Il y a un gros gâchis à la Réunion qui, comparée à l’île Maurice, passe à côté de formidables initiatives".
La Réunion, selon lui, subit les affres d’"intérêts catégoriels", surtout du côté des dirigeants qui "ne souhaitent pas le développement de la Réunion". Les "monopoles privés empêchent la concurrence de s’installer et maintiennent des prix excessifs". Pas mieux du côté "des partis politiques qui maintiennent leur pouvoir par la dépendance de la population grâce à la manne des emplois publics". "Nous bénéficions de budgets publics énormes", mais les concrétisations restent en-deçà des attentes d’Eric Beehary.
Des paroles aux actes
Transformer cette colère n’est pas chose aisée. Voilà pourquoi le jeune homme qui se lance en appelle au "rassemblement de Réunionnais honnêtes et formés, au-delà des clivages politiques" pour un "renouvellement d’une classe politique incompétente et archaïque". La venue de nouvelles pousses politiques dont il est l’illustration pour enrayer ce taux de "70% d’abstentionnisme chez les jeunes" pendant les élections.
Pour séduire les responsables associatifs qu’il tente de fédérer, il compte sur un programme axé autour d’une meilleure formation, du tourisme, de l’export, de la création d’entreprises, de la lutte contre la vie chère ou enfin de la construction de logements sociaux "plus rapide et plus nombreuse". Afin de joindre ses paroles à ses actes, Eric Beehary met en avant son idée de boycott tournant des stations service de l’île, en l’occurrence une marque boycottée par mois, lancée en avril dernier et qui a séduit des milliers d’internautes.