« Si l’on ajoute les populations du Var, de l’Oise et du Finistère qui se trouvent en dessous du seuil de pauvreté, on obtient le nombre de personnes en situation de pauvreté à La Réunion, soit 343.000 (en 2010 ndlr) », explique Hervé Legrand, chef du service études et diffusion de l’Insee. « Ce niveau de pauvreté vient de deux facteurs: le chômage et la taille des familles, ajoute-t-il. En effet, les indicateurs montrent un taux de chômage trois fois supérieur à celui de la métropole (28,5% contre 9,8%) en 2012 et un ménage sur quatre compte au moins 4 personnes (contre un ménage sur cinq en métropole).
La pauvreté touche également toutes les classes d’âge. Selon l’Insee, la moitié des jeunes de moins de 20 ans vit en dessous du seuil de pauvreté. La cause principale: l’absence d’emploi chez les parents. Les personnes âgées, sont elles aussi touchées à La Réunion malgré le fait qu’elles soient les moins touchées en métropole. Notre île compte 42% des personnes de plus de 65 ans en situation de pauvreté, contre 9 % dans l’hexagone. Pour cause, « des carrières incomplètes qui entraînent des retraites plus faibles« , explique Valérie Roux, directrice régionale de l’Insee.
1,4 milliards d’euros pour combattre la précarité
En réponse à cette situation sociale, le Conseil Général verse 700 millions d’euros d’allocations de solidarité. En effet, 240.000 personnes profitent de minima sociaux, soit trois personnes sur dix, en 2011. « La Réunion est le département qui touche le plus le RSA, annonce Hervé Legrand, avec 16% des allocataires contre 3,5% en métropole ».
« En tout, ce sont 1,4 milliards d’euros qui sont versés pour combattre la précarité, ajoute Nassimah Dindar. Mais La Réunion a besoin de plus d’aides et l’Insee confirme ce que je dis. Notre budget explose et sans ces allocations, les Réunionnais ne pourraient pas s’en sortir ». Hervé Legrand note bien les mots « s’en sortir » car « les allocations ne diminuent pas le taux de pauvreté mais limitent son intensité ».
Selon la présidente du Conseil Général, c’est tout un modèle social et familial à changer. « On encourage une certaine norme d’aide qui ne motive pas les gens à s’en sortir seuls. Leurs vies sont bâties sur la précarité. »
Les indicateurs de l’Insee montrent néanmoins deux exceptions: en ce qui concerne l’enfance en danger et les personnes handicapées, les chiffres sont comparables à ceux de la métropole. Selon Nassimah Dindar, « ce ne sont pas les facteurs financiers qui affectent la sécurité de l’enfant mais plutôt l’alcoolisme et la violence. À La Réunion, la solidarité familiale joue encore, malgré tout ».