A un mois des municipales, les candidats accordent leurs violons ! A la Réunion, la tradition est solidement ancrée : il n’est pas rare qu’un candidat crée sa propre chanson de campagne, pour dynamiser ses meeting et assurer sa promotion.
« La chanson de campagne, c’est très important ! Cette tradition, qui s’est un peu perdue au niveau national, est encore bien ancrée à la Réunion. Cela fait partie du décor, c’est un élément caractéristique de la vie politique à la Réunion. Chacun a sa chanson et ça peut même créer le buzz !« , explique le politologue Yvan Combeau.
Le buzz, Thierry Robert l’a créé dès le mois de décembre, puisque son séga de campagne a été repris dans l’émission télévisée de Cyril Hanouna, « Touche pas à mon poste ».
Le refrain et le rythme, entêtants, ont visiblement plu à l’émission de D8 :
« Thierry Robert, Thierry Robert,
à Saint-Leu,
A li même sera nout maire »
Et mine de rien, son clip de campagne a été visionné plus de 5.000 fois sur YouTube, un record toute catégorie.
Si la chanson de Thierry Robert a été quelque peu tournée en dérision par la bande à Cyril Hanouna, le politologue assure que les chansons de campagne ont une réelle utilité : « Ça fait sourire mais ça fait aussi parler. Plus parler qu’une profession de foi ! », estime Yvan Combeau.
Le maire de Saint-Leu n’est évidemment pas le seul à avoir fait une chanson à sa gloire. La longue chanson pour promouvoir la candidature de Claudy Fruteau, à Saint-André, une reprise du tube du Martiniquais de David Martial, Célimène, vaut son pesant de cacahuètes.
Les paroles s’attachent à rendre hommage au travail accompli par Eric Fruteau pendant six ans. Jamais le nom de Claudy, sa femme, qui est pourtant candidate, n’y est prononcé. Un astucieux « C-C-C- C Fruteau », a simplement été placé, telle une marque de fabrique.
« C – C – C- CFRUTEAU {4x}
Qui sa la dit et puis la fé
Et pour qui sa nou sa voter
Et qui sa y sava gagner
Pour Saint-André y fo crier CCCC FRUTEAU »
Et la chanson de campagne est aussi l’occasion de régler ses comptes avec les adversaires politiques :
« Les adversaires n’ont plus rien a dire
De nous, ils sont tous jaloux
Et de nous voir, sa les rend fous
Depuis toujours, les complices complotent
Pour descendre Eric Fruteau
Mais ensemble nous serons plus fort« , peut-on entendre à la fin de la chanson.
Le séga semble la musique la plus populaire dès qu’il s’agit de construire une chanson de campagne. Gilles Hubert (candidat à La Possession), Jean Piot (Saint-Louis) ou encore David Sita ont choisi ce style de musique réunionnais pour promouvoir leurs candidatures. Avec une mention spéciale pour le candidat du LPA, qui n’hésite pas à sortir les jeux de mots.
D’autres candidats, à l’instar de Claudy Fruteau choisissent toutefois de s’émanciper de la musique réunionnaise pour prendre des musiques actuelles, conformes à l’époque.
Le R’N’B de campagne dédié à la candidature de Margaret Robert-Mucy (Saint-Denis d’abord), dénote par sa musicalité. Sur le fond, le principe est le même : les paroles visent à montrer que la candidate est « toujours en action » et concernée par les problématiques des Dionysiens.
Morceaux choisis :
« Pour une femme maire
Maire qui rime avec une femme de coeur
Qui est toujours là pendant des heures
Qui ne perd pas le nord
C’est une femme en or
Toujours en action pour aider les autres
Nous avons besoin de Margaret Robert Mucy
Comme Maire à Saint-Denis.
En mars 2014, elle sera notre leader
Et nous mettra en l’air »
Le maire sortant du chef lieu, a lui aussi fait composer une musique de campagne. Pour le moment, [seul un clip sans paroles]urlblank:http://www.youtube.com/watch?v=KIlNH7FHYCk , qui tend à promouvoir les réalisations de Gilbert Annette, existe. Mais son équipe de campagne nous assure qu’une chanson, basée sur la même musique, est en préparation.
[Le clip de Nathalie Bassire]urlblank:http://www.youtube.com/watch?v=fKcLCVIWEQc , candidate au Tampon, est plus proche des professions de foi des candidats à la présidentielle pendant la campagne officielle, avec prise de parole de la candidate, de ses soutiens et de ses militants. La musique (Queen, notamment) n’apparaît ici qu’en fond, et on dénote comme pour Gilbert Annette, une certaine maîtrise du montage vidéo.
Enfin, la palme de l’originalité revient tout de même à René-Paul Victoria, dont un de ses militants a osé poser sa voix sur le tube interplanétaire des Daft Punk, « Get Lucky ». Une chanson qui a été dévoilée pendant le premier meeting de l’ancien député-maire de Saint-Denis et que son équipe a gentiment accepté de nous fournir.
Extraits :
« Comme la légende du phénix
René-Paul Victoria
Revient pou gagne la mairie
La mairie Saint-Denis
Victoriiiiaaaaa il est làààà
Pour repreeendre la mairiiie
A nou, nou lé la
Et nous sa vote pour li »
D’ici le premier tour, d’autres candidats devraient sortir leurs chansons pour rythmer leurs campagnes et mettre de l’ambiance dans leurs meetings… Pour le plus grand plaisir des électeurs !