L’année dernière plus de 10.000 visiteurs avaient foulé les allées du salon de l’alternance, un chiffre qui pourrait être battu de l’aveux même des organisateurs (Cinor et Maison de l’emploi du Nord de la Réunion). Sur le salon, une centaine de stands attendent les visiteurs. Tous sont là pour répondre aux nombreuses demandes sur les formations et recrutements possibles.
Une partie de la foule se concentre sur le stand Pôle emploi, qui a sorti les grands moyens pour accueillir de manière organisée les candidats aux formations ou aux rares postes disponibles. Un hall leur est entièrement consacré dans le Parc des Expos. Plusieurs files d’attente, définies par secteur d’activités, sont proposées aux visiteurs. Dans chacune d’elles, une centaine de personnes patientent. « L’an dernier, près de 5.000 personnes sont passées par notre stand. Nous avons eu 1.500 candidats pour 180 offres« , explique Annie-Claude Candassamy, chargée de mission au Pôle emploi. En tout, 33 recruteurs locaux sont présents et proposent pour l’essentiel des contrats en apprentissage ou en professionnalisation. « Quelques postes en CDI sont proposés également, notamment dans le secrétariat ou pour être assistant de direction« , précise-t-elle. L’engouement est tel, qu’il faudra être patient pour les candidats avant d’être reçus par un recruteur.
Une sinistrose ambiante
Un peu plus loin dans le salon, plusieurs jeunes sont attroupés autour des offres liées à la mobilité. Récemment, un sondage (Insee/Région) montrait que six Réunionnais sur 10 étaient prêts à travailler en dehors de la Réunion. C’est le cas de Romuald, 23 ans, originaire de Saint-Paul et un BTS comptabilité en poche. « Je songe à partir, il n’y a pas de travail dans ma branche à la Réunion. Je réfléchis pour la métropole ou l’étranger, notamment le Canada« , explique-t-il. A défaut, des offres en alternance lui ont été proposées avec l’assurance au final d’avoir une licence pro.
Même constat pour Samuel, 24 ans et seulement le Bac en poche, sur le manque d’emplois à la Réunion. Devant le stand Orange, il vient de déposer un CV et une lettre de motivation. « Il cherche des techniciens réseaux et des vendeurs clientèle. On me propose une formation en alternance« , souligne-t-il. Actuellement intérimaire, Samuel est bien conscient que trouver un travail à la Réunion est devenu « compliqué« . « C’est difficile en ce moment, sans doute lié à la crise« , poursuit-il. Au stand où Samuel s’est arrêté, on renseigne plus que l’on ne propose de travail. « Aujourd’hui le recrutement est terminé pour cette année. On oriente les gens dans leur recherche. Mais on a déjà eu beaucoup de monde, environ 200 personnes« , explique un employé. Et il n’est que 10h30… le salon ferme à 16h30.
Si les jeunes rencontrés sur le salon sont tous pleins de bonne volonté, une sorte de « sinistrose » ambiante est ressentie partout. Tous n’ont qu’un mot en bouche, le « chômage » et la difficulté à trouver un emploi dans leur île. Beaucoup choisiront de s’exiler ailleurs pour continuer leurs études ou tout simplement décrocher le graal, un CDI, en cette période de crise sur le front de l’emploi.