Si certains des agriculteurs réunionnais présents au salon ce week-end sont satisfaits de leurs recettes, le bilan de ces premiers jours n’a pas été positif pour tout le monde. Crise de 2008, tempête Xynthia, ou encore modification de l’emplacement des stands, chacun y va de son accusation. «Les ventes ont chuté de moitié» affirme-t-on chez «Ti Planterre», le plus important vendeur de vanille bio de la Réunion. De son côté, Mémé Rivière, qui tient la Maison du Curcuma, attend la clôture du salon avant de juger de sa rentabilité par rapport à la Foire de Paris.
Car en effet, ce n’est pas seulement le nombre de clients qui décidera s’il revient ou non l’année prochaine. «Même si je fais un bon chiffre d’affaires, celui-ci ne me servira qu’à rembourser les frais engagés pour me rendre à Paris» explique-t-il. Comme à la Foire de Paris, chaque année la principale difficulté pour les représentants de la Réunion est la même : trouver les moyens financiers suffisants pour parcourir 10.000 km, payer le fret, se loger et s’installer pour 9 jours au Salon. Le voyage et l’emplacement sont chers, et les aides quasiment inexistantes.
Pourtant, du côté de la Chambre d’agriculture, il existe bien des subventions pour financer une partie des frais et réduire significativement l’apport pécuniaire de l’agriculteur. Mais dans ce cas, ce dernier y perdra au niveau de sa représentativité : stands trop petits où ne figurent que les enseignes de l’IRT, du département et de la Chambre d’agriculture, vendeurs peu expérimentés et décoration peu attrayante. «Je suis déçue par le stand Réunion», commente une réunionnaise en vacances et qui visite le salon pour la première fois. «Il n’y a pas d’invitation au voyage, alors qu’on aurait la matière. Pourquoi ne pas exposer de belles mangues ou bien de jolies plantes et fleurs telles que l’oiseau de paradis ?»
A choisir, les producteurs préfèrent encore monter eux-mêmes leur propre stand. De toute façon, comme ils le précisent, ce n’est pas l’assistanat qu’ils recherchent mais une force vive qui les prend en considération. Ils ont d’autant plus de mal à comprendre ce manque de volonté alors qu’ils contribuent, et par leur présence et par la vente de leurs produits, à la promotion de la Réunion et au tourisme. Pour cette raison, monsieur Leichnig et famille veulent tenir bon chez Ti Planterre : «Même si c’est ruineux, nous tenons à être présents, d’une part pour fidéliser la clientèle et d’autre part pour promouvoir l’image de la Réunion».
Mais cette position, déjà difficile à soutenir pour les deux grands noms désormais incontournables que sont Louis Leichnig et Mémé Rivière, l’est encore plus pour les «plus petits». Ainsi, chez Taïlou on déplore que Law-Lam ne fasse plus partie du cortège cette année. «De nombreux petits stands n’ont pu venir qu’une fois» a lui aussi constaté Mémé Rivière.
Des espoirs sont peut-être permis pour l’année prochaine. Sur invitation de Jean-Yves Minatchy, la sénatrice Gélita Hoarau s’est rendue pour la première fois au salon cette année. Egalement à la demande du président de la Chambre d’agriculture, le délégué interministériel, Patrick Karam, venu soutenir les agriculteurs ultramarins, inaugurait en premier lieu le stand de la Réunion. A noter également la présence discrète de la sénatrice Anne-Marie Payet. De quoi, pour nos agriculteurs péï, faire entendre certaines revendications ?