Ludovic Grondin : Le fait de briguer un second mandat était-il si évident ?
Alain Zanéguy : « Je ne saurai pas donner une date précise du début de ma réflexion mais disons que les encouragements que je reçois de la population font que je me décide à me présenter. J’ai le soutien de la population. La question que j’ai souhaité poser aux militants et futurs électeurs c’était un peu : « Si vous pensez que j’ai fait du bon boulot, alors pourquoi ne pas continuer ».
Votre rassemblement de dimanche avait tout l’air d’une déclaration de candidature ?
« C’était un rassemblement du comité de soutien du candidat Zanéguy, tout simplement. C’était l’occasion de faire l’état des lieux des soutiens en présence. Depuis la fin des régionales, j’ai ainsi récolté 700 signatures de soutien. Il s’agit, je tiens à le préciser, de signatures spontanées ! »
Des signatures de personnes influentes de l’Alliance ou de simples habitants de votre canton ?
« Ce sont des signatures de gens de base, des militants ou des sympathisants ».
Le soutien de personnalités de l’Alliance telles que Eric Fruteau, lors du rassemblement cette fois-ci, doit venir vous conforter dans votre décision de vous présenter ?
« Eric est un ami. J’apprécie sa démarche qui consiste à dépasser les critères de son parti lorsque l’intérêt général est en jeu ».
Justement, dans quelle mesure l’étiquette « candidat de l’Alliance » fait-elle voter sur votre nom ? Saurez-vous faire la part réelle de l’influence du candidat Zanéguy par rapport à l’Alliance ?
« L’étiquette « Alliance » doit jouer c’est sûr, elle est visible et très connue mais je pense et j’espère que ma personnalité, mon action propre représentent plus de 50% des intentions de vote en ma faveur ».
Vous faites donc partie de l’Alliance mais vous avez envisagé, lors de votre rassemblement, la constitution d’un autre mouvement pour ces cantonales. N’est-ce pas contradictoire ?
« L’idée de bâtir un nouveau mouvement est simple. Par exemple, au Département, les avis sur différents sujets ne s’arrêtent pas à la couleur politique. Il y a des thèmes sur lesquels nous devons nous entendre pour faire avancer les dossiers. L’idée du mouvement est en réflexion pour le moment. Il devrait réunir mes sympathisants. L’idée, c’est de rassembler des personnes issues de la société civile. Voyez, autour de mon nom, j’ai réussi à mobiliser 500 personnes pour ce rassemblement et 700 signatures, je trouve que c’est pas mal quand on pense que des partis peuvent avoir du mal à réunir 1.000 personnes, y compris en mettant des bus à disposition. Alors… »
Vos débuts en politique commencent réellement sous la mandature municipale de Michel Tamaya (PS) à Saint-Denis dans les années 1990. En 2002 puis 2004, vous vous présentez sous l’étiquette MRA, un mouvement satellite de l’Alliance. Pensez-vous que votre positionnement soit assez clair auprès de la population ?
« Je n’ai pas de carte au PCR. La liste de Michel Tamaya en 1995 était une liste d’ouverture aux personnes issues de la société civile et non une liste du Parti socialiste uniquement. Aujourd’hui, je suis de l’Alliance qui regroupe des composantes multiples au Conseil général, voilà tout ».
La campagne des cantonales est déjà dans les têtes. Quel est le bilan que vous dressez de la mandature sortante au Conseil général justement ?
« Le bilan est en grande partie la conséquence du contexte économique que l’on a subi. Il y a une très très forte pression. Le Conseil général doit répondre aux 15.000 emplois perdus dans le bâtiment ces deux dernières années. Ces personnes viennent gonfler le quota des bénéficiaires sociaux que nous devons gérer. Aujourd’hui, je ne parle plus de contrainte budgétaire mais je parle de « réalité budgétaire ». Il faut toujours répondre aux 20.000 personnes âgées qui bénéficient du chèque santé. Le Conseil général, c’est aussi l’aide à l’amélioration de l’habitat qui doit se poursuivre. Malgré la situation, nous maintenons les 180 millions d’euros d’investissement annuel du Conseil général ».
Et si les transferts de compétences de l’Etat vers la collectivité départementale ne sont pas compensés financièrement ?
« Nous devrons réduire les investissements. Mais prenons l’exemple du RSA (ndlr : Revenu de solidarité active dont l’application se fera à partir du 1er janvier 2011), c’est un réel progrès social. La question est de savoir comment nous allons réussir à utiliser cet outil RSA ? Il y a eu le RMI qui existe depuis, on va dire trente ans, mais il n’a jamais permis de transformer cette aide en de l’emploi durable. Malheureusement, le RMI, qui était une bonne idée, a rendu beaucoup de personnes dépendantes. On s’est éloigné du but initial. Nous ne devons pas commettre la même erreur avec le RSA ».
Dans le volet « social » justement, revenons sur le dossier ARAST qui fait encore l’actualité ces jours-ci. Pour une majorité qui se veut de « gauche », comment comptez-vous défendre et justifier l’attitude de la majorité sur cet échec social ?
« On a fait preuve de responsabilité sur ce dossier. Il fallait prendre cette décision car si on avait attendu, ce n’est pas une ardoise de 10 millions d’euros qu’on aurait eu à payer… . Il fallait prendre cette décision, il s’agissait de garantir la bonne utilisation des deniers publics. De toute façon, il était évident que ce devait être l’AGS qui devait payer ».
Concernant votre canton cette fois-ci, de quoi êtes-vous le plus fier dans le travail effectué dans les six années de votre mandature ?
« Le mot « fierté » est mal placé. Toutes les actions que j’ai mené dans mon poste d’élu du Conseil général, je les ai menées aussi dans un intérêt plus grand, celui du département de La Réunion. Quand vous défendez les habitants de votre canton, vous finissez par défendre la population au niveau du département ».
Quelle sera la méthode et le calendrier du choix du candidat de l’Alliance sur votre canton ?
« Je ne sais pas. Rien n’est joué car les cantonales sont une une élection particulière. Quelqu’un peut émerger dans les mois à venir. Il faut rester prudent ».
Question d’actualité oblige. La réforme des retraites finit d’être débattue au Sénat. Évidemment, la gauche joue son rôle d’opposition quasi systématique. Qu’aurait-elle pu faire de mieux que ce qui a été présenté par ce gouvernement ?
« Cela ne me gêne pas du tout que, dans l’idée, on se dise que le contexte a changé. Il ne faut pas compter sur l’immobilisme permanent ou jouer à l’opposition systématique. Je rappelle quand même qu’il y a quelques mois, Martine Aubry avait annoncé qu’elle n’était pas contre l’idée d’aller vers une retraite à 61 ou 62 ans. Avant de se raviser devant les remontrances insistantes de ses compagnons du Parti socialiste ».