Le Conseil départemental dit vouloir relancer la culture réunionnaise. Mais les agents sont inquiets pour leurs postes. Le département a pour projet de transférer les musées Léon Dierx, De Villèle, l’Artothèque, le muséum d’Histoire naturelle, l’Iconothèque, le musée du sel, la Bibliothèque départementale et le Conservatoire botanique vers une société publique locale (SPL). La SPL étant une société commerciale dont le capital est public et les contrats sont avec les collectivités actionnaires, les agents de ces structures perdraient leur statut de fonctionnaire.
150 agents seraient concernés par ce transfert, selon l’intersyndical Solidaires Sud collectivité territoriales – FSU, qui a lancé une pétition. « On nous dit qu’ils pourront revenir au Département dans trois ou quatre ans mais on n’y croit pas, affirme Moïse Mazeau, secrétaire de Sud Solidaires collectivités territoriales du département, car ils n’auront plus le même statut dans le privé ».
Outre le fait de perdre leur statut de fonctionnaires, les agents craignent que le licenciement soit plus facile, que leur avenir soit incertain dans une SPL qui pourrait ne pas survivre à la conjoncture actuelle, que leurs missions soient davantage de l’ordre du commercial que de l’intérêt public et que les plus précaires d’entre eux ne soient pas transférés vers la SPL.
« On a l’impression qu’il faut toujours tout privatiser, ajoute Léandre Billaud, secrétaire départemental du FSU, comme EDF et la Poste qui connaissent de mauvaises conditions de travail et des suicides. Il y a d’autres façons de faire des économies ».
Et la SPL ne serait selon eux pas la meilleure solution, du fait des frais qui viennent avec la création d’une société. « Toutes les SPL à La Réunion sont en déficit », insiste Jean-Daniel Maillot, responsable départemental de FSU. « Il ne faut pas que l’on revive la même chose qu’avec l’ARAST où malgré les sommes investies par le département, la SPL n’a pas survécu et a laissé tous ses agents sans emploi ».
Le fait de « tout mélanger » ne leur convient pas non plus. Les syndicalistes expliquent que les structures dépendent de filières différentes, comme la culture et l’agriculture, par exemple, qui ne devraient pas être regroupées en une seule société. « Les services de DRH, construction ou du bâtiment nécessaires pour le fonctionnement de ces musées, restent au sein du Département, ce n’est pas logique », ajoute Moïse Mazeau.
Une réunion est prévue le 4 novembre avec un cabinet d’étude mandaté pour étudier ce transfert « mais la collectivité a déjà acté », précise le syndicaliste.
La pétition demande à ce que le dossier soit retiré de l’ordre du jour du comité technique et que la présidente du département, Nassimah Dindar, reconsidère le projet. L’intersyndical a obtenu pour le moment 80 signatures.