« Comment je vais faire pour payer l’école de ma fille, son internat. J’ai été licencié pour faute grave et je me retrouve sans rien« , explique Dominique Subranne devant la porte d’entrée du siège de la SHLMR de Saint-Denis. Installé sur un matelas gonflable, il vient tout juste de commencer sa grève de la faim. Les faits qui lui sont reprochés par la direction, et qui ont entrainé son licenciement, sont graves. « Violation de la vie privée, atteinte à la santé physique et morale de deux salariés, harcèlement moral« , peut-on lire dans la lettre de licenciement de Dominique Subranne. Mais ce dernier se défend vigoureusement.
« C’est de l’acharnement. On a voulu signaler un dysfonctionnement au sein de l’agence SHLMR du Port depuis l’arrivée du nouveau chef d’agence« , souligne-t-il. Un chef d’agence débarqué de « métropole en avril 2011 » et qui aurait, dans un premier temps, harcelé Dominique Subranne. « Il était tout le temps en train de dire que je faisais mal mon travail. J’ai été arrêté pendant près de deux mois pour symptômes dépressifs« , explique-t-il.
Le dialogue est rompu
Le salarié dénonce des dysfonctionnements et notamment l’existence de « passes-droits » dont bénéficierait un employé au mépris des autres salariés de l’agence SHLMR du Port. « On a voulu faire une intervention ciblée sur le droit social du travail« , explique Rosaire Imus, représentant du personnel CGTR, mis à pied dans cette affaire mais pas licencié. « On a voulu démontrer un problème de favoritisme, notamment sur le respect des horaires« , ajoute-t-il. En avril, les faits sont exposés à la direction de la SHLMR par Dominique Subranne et Rosaire Imus, qui s’appuyent sur une correspondance privée par mail. Mais la rencontre avec la direction va se retourner contre les deux agents du Port. Arguant de la divulgation d’une correspondance privée, la direction va licencier Dominique Subranne.
Aujourd’hui, le dialogue entre la direction et Dominique Subranne est rompu. Pour la première, il y a eu faute et donc sanction. Mais pour l’intersyndicale (CGTR/CFDT/FO), qui soutient le salarié, la décision est « disproportionnée« .
« Certains salariés ont fait des fautes beaucoup plus graves et pour autant la direction n’en est pas venue à des sanctions extrêmes comme aujourd’hui« , explique un représentant de l’intersyndicale. Quand à Dominique Subranne, qui devait partir à la retraite au mois de janvier 2013, ce dernier est déterminé à poursuivre sa grève de la faim tant que la direction n’aura pas changé d’avis.
La direction de la SHLMR a tenu à répondre à ces accusations: « La gravité des faits qui ont été commis et reconnus par Messieurs Subranne et Imus ont conduit la SHLMR à prendre les décisions qui s’imposent à l’employeur pour protéger tous les salariés de l’entreprise contre la violation de leur vie privée.
Suite à leur demande, la direction générale a reçu à chaque fois les trois délégués syndicaux FO, CGTR et CFDT. Les informations demandées ont été apportées en toute transparence dans le cadre du dialogue social de qualité qui prévaut au sein de l’entreprise ».