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Rythmes scolaires: Un syndicat demande aux maires de ne pas appliquer la réforme

La CGTR Educ'Action a envoyé, hier, un courrier à l'ensemble des maires pour leur demander de ne pas mettre en place la réforme sur les rythmes scolaires, prévue pour la rentrée 2013. Des arguments qui seront réitérés jeudi lors de la manifestation organisée devant les grilles du Rectorat. Voici l'intégralité du courrier:

Ecrit par . – le mercredi 30 janvier 2013 à 06H39

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La future réorganisation du temps scolaire n’est pas acceptable en l’état. Lors du Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) du 8 janvier et du Comité Technique Ministériel du 11 janvier, l’ensemble des membres ont refusé le projet du Ministre concernant l’aménagement du temps scolaire.

Cette réforme non seulement dégradera profondément les conditions de travail des personnels, mais n’apportera pas de réels bénéfices aux élèves. Qui peut penser que le seul étalement de la semaine scolaire sur 4,5 jours permettrait la réussite de tous les élèves ?

La grande ambition était de réduire les journées des élèves et, pour se faire, d’installer une demi-journée de classe supplémentaire dès la rentrée 2013.

Force est de constater que les propositions du ministre ne vont pas dans le sens d’un allègement des journées.

Le temps passé à l’école ne sera pas réduit et les programmes toujours aussi lourds, resteront irréalisables sauf à laisser les plus faibles de côté.


Cette réforme, pour laquelle les personnels n’ont pas été consultés, ne peut se faire sans les enseignants ni contre eux. Que dire d’une refondation de l’école qui entend se faire sans débat démocratique et en l’absence de consultation des personnels ?

Une réflexion globale est nécessaire pour la réussite de tous les élèves en prenant en compte un certain nombre de préalables : 25 élèves par classe, 20 en ZEP maxi, une scolarisation des enfants de moins de 3 ans dans des classes adaptées et à effectif réduit (15 maximum), plus de maîtres que de classes, des RASED complets, ce qui passe par le rétablissement des postes d’enseignants spécialisés, la révision des programmes, l’abandon de l’aide personnalisée, le respect d’une alternance stricte de 7 semaines de classe et 2 semaines de vacances, une diminution réelle du temps de service des enseignants par une baisse de la charge administrative qui n’a cessé d’augmenter ces dernières années, une diminution du temps de présence devant élèves, une formation initiale et continue de qualité, une revalorisation des carrières, l’ouverture de négociations sur le fonctionnement de l’école…

De plus, comment prétendre modifier le rythme de vie des élèves sans avoir une réflexion sur celui des parents, soumis de plus en plus à la précarisation de leurs conditions d’existence et de travail ? L’absence de la coupure du mercredi risque par ailleurs de réduire l’espace dédié aux activités de loisirs éducatifs, aux activités sportives et culturelles non scolaires. En confondant ce qui relève des apprentissages dans le cadre de l’École laïque, gratuite et obligatoire et ce qui relève du choix de l’enfant et des familles, le risque est grand d’affaiblir l’École, de transférer aux communes ce qui relève de la compétence de l’État.

Le ministre Peillon l’a d’ailleurs affirmé  : « la réforme des rythmes scolaires doit agir comme un levier pour faire évoluer l’école autour d’un projet éducatif territorial et doit conduire à (…) coordonner les actions de l’État, des collectivités territoriales et des organismes œuvrant dans le champ éducatif ». Concrètement, l’école ne serait plus de la compétence exclusive de l’État. Trois heures hebdomadaires seraient placées sous la responsabilité des collectivités avec le Projet Éducatif Territorial (PET).

Les enseignants refusent que certains enseignements sortent du cadre national et soient dévolus aux municipalités sous prétexte d’instaurer un Projet Educatif Territorial (arts plastiques, musiques, EPS, langue étrangère, informatique…). Les enseignants refusent la confusion mise en place entre leur mission et celle tout autant respectable d’animateur de la ville.  

Nous savons que l’égalité de traitement des élèves dans les Activités Pédagogiques Complémentaires à fortiori facultatives et éventuellement payantes   ne sera pas respecté. Nous savons très bien que toutes les collectivités territoriales ne seront pas en mesure d’offrir des activités artistiques, culturelles ou sportives de qualité faute de moyens alors que leurs dotations financières ne cessent de diminuer   

Qui pourra prendre en charge les coûts en personnels formés, en locaux qui soient dignes ? L’Etat une nouvelle fois initie des « réformes » et  se défausse  de ses compétences sur les collectivités pour leur application

 Cette réforme va engendrer des coûts supplémentaires très importants pour les communes que les dotations de l’Etat ne couvriront pas, d’autant qu’elles sont en baisse constante 

Pour aider les communes à faire face, le premier ministre Jean Marc Ayrault a demandé au Ministère sport et loisirs un allègement des taux d’encadrement et une baisse du niveau de qualification des animateurs. Vous comprendrez qu’en tant qu’enseignants, et parfois parents, nous soyons inquiets de cette mesure. Qui va encadrer nos enfants ?


Lors de son intervention au congrès des Maires de France, le Président de la République a annoncé que la réforme des rythmes scolaires pourrait s’étaler sur deux rentrées. Aujourd’hui, il apparaît que les conseils municipaux ont jusqu’au 31 mars prochain pour déclarer leur intention de passer à 4,5 jours ou de rester à 4 jours à la rentrée 2013. Si la décision de l’organisation de la semaine scolaire relève de l’Éducation Nationale, il appartient aux maires de proposer les modalités de cette organisation dans leur commune, ce qui accentuera les disparités sur notre territoire  et compliquera singulièrement la vie des familles recomposées quand les parents n’habitent pas dans la même commune.

Nous refusons une réforme des rythmes scolaires bâclée qui  ne prend pas en compte tous les besoins éducatifs et pédagogiques des enfants et risque d’aggraver encore les inégalités scolaires et territoriales

Nous souhaitons un réel changement,  nous devons réfléchir à une refonte de tout le système en donnant la priorité de parole aux acteurs du terrain que sont les enseignants.

Nous souhaiterions vous rencontrer afin de vous rendre compte des effets négatifs que ce décret  produira sur la réussite de tous les élèves et sur le quotidien de notre métier.

Dans l’urgence, nous vous demandons de ne pas mettre en place cette réforme à la rentrée 2013 et en tout état de cause de consulter les personnels enseignants avant toute décision.

À Saint Denis , le 29 janvier  2013

Cgtr educ’action
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