« Le risque requin est multi-facteurs », évoque l’ensemble des acteurs concernés ces deniers mois, du pêcheur au scientifique. A l’heure où le rôle de la Réserve marine est pointé du doigt, celui du traitement des eaux usées revient avec insistance dans les réflexions des acteurs du dossier.
Selon un état des lieux de l’Office de l’Eau Réunion publié en août 2011, seulement 42% des foyers réunionnais sont raccordés au réseau public d’assainissement. Tout le reste finit donc en assainissement non collectif qui repose sur le principe du pouvoir épurateur naturel du sol. Simplement dit, 58% des eaux usées domestiques finissent en canalisation directe dans la cour, par absorption des sols. En attendant le tout à l’égout dont le maillage du territoire concerne en premier lieu les zones littorales, plus faciles de raccordement.
L’assainissement non collectif finit inéluctablement dans les sous-sols. Le problème réside dans le fait que « l’île de la Réunion est une île volcanique jeune (3 millions d’années) et bâtie sur l’effondrement de formations volcaniques », explique l’Office de l’eau. Les sols sont donc « essentiellement basaltiques qui ont pour caractéristique d’être très poreux ». Les sols de la Réunion sont donc très perméables. La « transmissivité » de l’eau dans les sols constituent « des axes d’infiltration et de circulation verticale rapide favorisant le transfert des polluants vers les nappes souterraines ».
La métropole en avance avec 80% de son réseau en assainissement collectif
Dans son rapport, l’établissement public y voit une « implication de forts risques sanitaires portés vers les captages d’eau potable, l’arrosage des cultures consommées ou encore des zones de baignade ». Bref, quoiqu’il en soit, ces eaux non collectées et donc non traitées poursuivent leur cycle jusqu’à l’océan.
Pour expliquer le rapprochement supposé des requins près des côtes, l’hypothèse d’une variation de « la chimie de l’eau » est évoquée par la spécialiste de la vie des récifs coralliens, Pascale Chabanet. « Degré de salinité, température moyenne de l’eau, turbidité, composition en matières organiques issues des activités d’élevage et d’assainissement urbain… », ces pistes de réflexion sont ouvertes, en même temps que l’explication du risque requin se fait attendre.
En attendant l’effectivité des stations d’épuration nouvelle génération comme celle de Cambaie Saint-Paul (2013) ou de Sainte-Marie, le parc réunionnais reste conditionné par un taux de couverture des eaux usées en équivalent/habitant négatif. Le ratio actuel fait état d’une capacité de prise en charge en assainissement collectif pour 380.000 habitants, là où la Réunion en compte 830.000. Régulièrement, les stations de traitement sont dans l’obligation de rejeter en mer.
En comparaison, en Métropole, les proportions de l’assainissement sont de 20% en non-collectif et 80% d’assainissement collectif.