On peut dire beaucoup de choses en peu de pages, le livre de madame Bello en est une nouvelle preuve. « Rêves d’enfant… convictions d’adulte » se lit en une foulée, sans temps mort, avec un plaisir sans mélange.
Le fascicule, 60 pages d’une rare densité, explique l’engagement d’une femme au caractère exceptionnel, qui a forgé ses convictions depuis l’enfance, dans un milieu pauvre mais combien riche en enseignements de toutes sortes.
Pour moi, qui suis de la même génération, que voici un joli parcours au royaume des souvenirs bénis, ceux qui se conservent mais exempts de la nostalgie qui, trop souvent, vous détruit de l’intérieur.
Les souvenirs d’Huguette font revivre tout un petit monde de joies et de peines, de privations incessantes, dans lequel « nous n’étions pas riches mais nous n’avons jamais souffert ». Une vérité trop souvent ignorée parce que la lamentation est meilleure vendeuse.
Ce qui me rappelle ce que me disait une de mes anciennes élèves malgaches en 1996 :
« Ma sœur est pauvre mais elle est heureuse de vivre ».
Il faut oser dire de telles choses !
Huguette raconte mille petits détails que l’on sent tirés d’une réalité personnelle qui est aussi celle de tous les autres, tous ces petits colons de cannes se débrouillant pour vivre et, surtout, pour que les enfants vivent.
L’enfance, l’adolescence, une mère qui refuse que sa fille soit dévolue aux corvées, qui ne veut pas qu’elle devienne une planteuse à son tour. L’amour de la lecture, la passion de l’étude, une immense empathie pour le genre humain, une sainte horreur de l’injustice sous toutes ses formes, qu’elle nous raconte comme allant de soi et qui dessinent en filigrane sa vie de combattante, de pasionaria jamais fatiguée.
Ce refus de l’injustice fait qu’elle refuse de continuer à dire « oui » au sein d’un parti où la femme (elle le précise avec les dates) est utilisée puis sacrifiée à la gloire de l’homme. La rupture avec ce PCR dont elle raconte et justifie les luttes qui furent aussi les siennes.
Huguette n’omet rien ; sa fougue est si communicative que l’on se sent peu happé dans le sillage d’une battante qui, on le devine, n’a pas dit son dernier mot.
C’est tout le bien qu’on lui souhaite… et que nous nous souhaitons à nous aussi. On ne peut que vous convier à partager si joyeuse lecture.