Sorti de prison après avoir purgé une peine pour assassinat, il est sous surveillance
Les faits se déroulent entre octobre 2016 et mai 2017 dans une salle de jeu, ou plutôt un sous-sol aménagé d’un tapis rouge et quelques chaises. Une cinquantaine d’habitués s’y réunissent tous les jours pour jouer au « devant-derrière » et à la belote. Les sommes sont petites, de cinq à vingt euros.
Dominique G. officie en tant que maître des jeux. Mais le nom qui revient sur toutes les lèvres est celui de « Paulo Bège ». Sorti de prison après avoir purgé une peine pour assassinat en 1991, il est sous surveillance. La salle est « connue comme le loup blanc » dans le quartier. Située derrière l’église, elle brasse en fait des milliers d’euros.
Les multiples surveillances menées par les renseignements aboutissent à une opération de contrôle ordonnée par le procureur le 16 mai dernier. Sur place, 110 euros sur le tapis, et près d’une trentaine de joueurs. Paulo Bège a sur lui 400 euros en liquide.
« Je venais de les retirer à la banque pour ma madame » explique-t-il à la barre, « mais je n’ai jamais reçu de commission de personne pour jouer ». « Quand j’étais en prison, le cercle existait déjà, et cet après-midi, ça joue toujours là-bas » se dédouane-t-il. Le président du tribunal, Hugues Courtial, soulève les commissions que Dominique G. et Bège toucheraient, selon les déclarations des joueurs interrogés par les forces de l’ordre, mais « ce n’était pas le cas », rétorquent les accusés.
« Il faut bien que je gagne ma vie, vous avez perquisitionné tout ce que j’avais! »
« Comment faites vous pour gagner autant, c’est de la pure curiosité! » s’interroge le président du tribunal. « Quand pendant 15 ans, j’ai perdu, personne n’est venu me poser ces questions. Il faut bien que je gagne ma vie, vous avez perquisitionné tout ce que j’avais! » rétorque du tac-au-tac Michel M.
Seulement voilà, la question que soulève la défense: « Les biens de jeux de hasard sont ils assimilés à une activité habituelle et lucrative? Le parquet a du mal à qualifier les faits. L’activité de joueur de cartes est licite. Il faut faire la différence entre la morale et la loi. »
« En fait, il y a juste dans ce dossier une volonté farouche de coincer Mr.Bège », ajoute la défense.
La relaxe et du sursis requis
Pour deux des prévenus, l’infraction n’est « pas caractérisée » pour la procureure, qui n’a d’autre choix que de prononcer la relaxe. Pour Dominique G. et Bège, elle requiert 4 mois de prison avec sursis et 3000 euros d’amende.
La montagne aura finalement accouché d’une souris. L’ensemble des accusés ont été relaxés et les véhicules de luxe et l’argent seront retournés à leurs propriétaires.