Gilbert Annette ne fait plus de mystères sur sa stratégie pour remporter la Pyramide inversée. “Je veux conduire une liste et gagner les élections régionales. Le congrès du Parti socialiste m’a confié la tâche de mener la bataille, pour la gagner bien sûr ,et d’organiser un rassemblement”, indique-t-il.
Pour le premier édile dionysien, La Réunion arrive à une “fin de cycle”… tout comme l’actuelle équipe régionale. Selon lui, le développement économique de l’île a été “très mal assumé” par la Région. “L’heure est venue pour que le Réunionnais redresse la tête (…), pour affronter ce nouveau monde, et cela passe par un vrai ‘contrat de dignité’”, estime Gilbert Annette.
Donner de l' »AIR » aux Réunionnais
Son projet est bâti autour de trois axes : “plus d’activités, plus d’identité et plus de responsabilité (sous le sigle ‘AIR’, ndlr)”. “Autour de ces points, nous allons formuler un projet pour faire adhérer les Réunionnais, parce que je pense qu’ils sont en souffrance et qu’il faut ouvrir une nouvelle page de l’histoire de La Réunion”.
Sur le premier point, l’activité, le responsable socialiste assure que “les fondations de l’île sont gangrénées”. “Les Réunionnais ne peuvent plus accepter un chômage à 30%, c’est indigne de la France. On est Français sur le papier, mais quand on a 30% de chômage, on est hors de la France (…) Je l’ai dit au Premier ministre, qui a eu l’honnêteté de parler ‘d’apartheid territorial’. Oui, ça existe, nous sommes frappés d’apartheid territorial !”, s’exclame-t-il. Et Gilbert Annette n’y va pas par quatre chemins pour combattre cet apartheid : “Il faut une discrimination positive !” martèle-t-il ajoutant qu’“il faut en donner plus à ceux qui en ont le moins !”.
S’il reconnaît que l’actuelle majorité régionale a refait des routes, des bâtiments “grâce aux crédits structurels européens », il s’émeut du manque de projets réalisés autour du Réunionnais. « C’est vrai que ça a été réalisé sauf que ça (les infrastructures, ndlr), ce n’est pas toute La Réunion ! La Réunion, ce sont les Réunionnais et où ils sont ?”, s’emporte une nouvelle fois Gilbert Annette, qui en vient sur le deuxième point, l’identité. “ll faut redonner du corps, du muscle à l’identité réunionnaise” comme le drapeau réunionnais, le patrimoine ou la langue créole, poursuit-il, afin de “mieux se faire entendre” dans le débat national.
Dernier point de son “contrat de dignité”, la responsabilité. Gilbert Annette déplore le fait que de nombreux Réunionnais ne peuvent pas accéder à des postes de responsabilités, que ce soit dans le domaine public ou privé. “Après 70 ans de départementalisation, il y a toujours aussi peu de Réunionnais à la direction des affaires publiques… Je sais que l’on a signé la Charte pour l’emploi local, mais il faut accélérer tout ça”, insiste Gilbert Annette, qui demande à l’État de “retoucher les textes” pour faire “émerger les Réunionnais un peu partout”. “À compétence requise, on recrute localement” maintient-il. Il ajoute que la responsabilité, “c’est de permettre aux Réunionnais et à leurs représentants d’adapter les textes législatifs réglementaires à la réalité locale”.
Dans son viseur, [l’amendement Virapoullé]urlblank:http://fr.wikipedia.org/wiki/Amendement_Virapoull%C3%A9 (article 73 alinéa 5 de la Constitution). “Il n’y a aucune raison que La Réunion, qui est le plus grand département (d’outre-mer, ndlr), soit privé du droit d’initiative qu’ont les Antilles. Tout ça par la faiblesse d’esprit de Mr Virapoullé qui a verrouillé La Réunion. Celui là même qui vous parle ‘d’autonomie économique’ alors qu’il a verrouillé l’article 73”.
« Rassembler les forces opposées à Didier Robert »
L’annonce de la candidature de Gilbert Annette n’assure pas pour autant qu’il soit tête de liste PS pour la campagne régionale. Il devra en effet convaincre les responsables du Progrès -Patrick Lebreton, Jean-Claude Fruteau et Jean-Jacques Vlody notamment- pour tenter de créer une liste socialiste unique.
Interrogé par un de nos confrères sur la préoccupation de Manuel Valls sur une éventuelle désunion de la famille socialiste locale à la veille des régionales, le maire de Saint-Denis a assuré que la stratégie première était de rassembler les “nombreuses” forces “opposées à Didier Robert”, le plus important étant que le rassemblement “doit s’opérer au second tour”. “Le Premier ministre n’a pas fait de commentaires mais il a dit qu’il me comprenait”, assure-t-il.
Gilbert Annette n’écarte pas non plus la possibilité de faire alliance avec d’autres partis que le PS, comme Europe Ecologie-Les Verts, le PCR ou encore PLR : “L’idée, c’est de rassembler plusieurs composantes progressistes dès le premier tour. Il faudra bien sûr se mettre d’accord sur les contours du projet”.
