Mardi, l’intersyndicale avait claqué la porte d’une réunion des délégués du personnel en prenant connaissance d’une note de service annonçant l’arrivée d’une « mission d’accompagnement sur la branche recouvrement » d’un cadre supérieur de la CGSS extérieur à la Réunion. « Un recrutement déguisé« , lâchent en choeur les membres de l’intersyndicale. « Pour nous il s’agit d’une mise sous tutelle de la branche recouvrement« , lâche Louise Hoarau, délégué syndicale CFDT à la CGSS.
Cette branche, qui compte 3 départements (Gestion des Comptes Cotisants / Recouvrement Contentieux / Contrôle Employeurs) et emploie environ 140 personnes, n’a pas vu ses comptes « validés » depuis 2010 par l’ACOSS (Agence centrale des organismes de sécurité sociale : un organisme qui assure la gestion de la trésorerie du régime général de la sécurité sociale), selon l’intersyndicale. « Si l’ACOSS a relevé des dysfonctionnements, il faut qu’elle déclenche une inspection auprès de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales)« , ajoute-t-elle.
D’où la « désagréable » impression d’être mis sous « tutelle » en faisant venir quelqu’un de l’extérieur, doublé d’un « sentiment de voir une opération de copinage« . « Les agents sont à bout de souffle. Il y a du retard dans les dossiers et on ne compte plus les heures supplémentaires prévues jusqu’à la fin de l’année. Pendant ce temps-là on recrute un accompagnant pour la direction« , dénoncent les délégués syndicaux. L’intersyndicale va plus loin : « En recrutant ce cadre on aurait pu embaucher 5 ou 6 agents pour aider les agents. On demande un pilote dans l’avion« .
« On prend les Réunionnais pour des couillons »
Elle pointe du doigt également des problèmes informatiques à répétition qui entrainent des situations délicates. « On a eu un problème informatique. Sur la régularisation de 8.000 dossiers on s’est rendu compte que 4.000 d’entre elles étaient fausses. Ce qui entraine des coûts importants pour remédier à ce souci et des cotisants passablement énervés« , ajoute-t-elle.
Au-delà de toutes ces doléances, l’intersyndicale réclame qu’un dialogue soit « établi » entre la direction et le personnel. « Il n’y a plus de dialogue avec la direction. Notre directeur est continuellement absent et constamment remplacé par le secrétaire général qui ne peut pas prendre les décisions« , regrette Roland Bax, délégué syndical à l’UNSA. « On méprise les syndicats et le personnel, et on prend les Réunionnais pour des couillons. Il est loin le temps de la république bananière« , ajoute de son côté Louise Hoarau
La colère gronde à la CGSS et la menace d’une grève est agitée. « On évoque la possibilité d’un débrayage. Les agents sont très mécontents« , précise l’intersyndicale. En 2009, une grève d’un mois avait été fortement suivie par le personnel. Elle avait provoqué de grosses difficultés lors du règlement des frais de santé, notamment chez les professionnels de santé. « On sait que les instances politiques, publiques et économiques ne veulent pas d’une nouvelle grève à la CGSS. On attend des réponses« , conclut-elle. Les voilà prévenues.