Gaétan Hoarau, le président de l’Association Citoyenne de Saint-Pierre (qui est déjà à l’origine du recul de la Région de Paul Vergès sur le projet d’usine géothermique dans la Plaine des Sables), a déposé aujourd’hui un recours auprès de la Commission Nationale d’Aménagement Commercial, dans le but d’obtenir l’annulation de la décision de la CDAC du 26 août dernier autorisant l’implantation d’un cinéma multiplexe de 10 salles sur le front de mer de Saint-Pierre.
Gaétan Hoarau constate que selon l’article L110 du Code de l’urbanisme, « le projet présenté et approuvé par la CDAC est totalement inacceptable quant à l’emplacement choisi :
– Aucune concertation ou consultation des habitants et associations locales n’a eu lieu.
– Normalement, le parti d’aménagement adopté doit tenir compte de l’équilibre à respecter entre d’une part les milieux urbains, et d’autre part, les milieux naturels à protéger en raison de la richesse des paysages et de l’intérêt écologique du site. Or le projet choisi se trouve très exactement face à la plage et au lagon. Ce lagon est l’un des plus beaux de l’île (qui n’en possède que 5 au total, situés pour la majorité dans l’ouest), et il est l’un des joyaux paysagers et de biodiversité de La Réunion.
– La circulation sur ce front de mer est déjà très problématique et ingérable. L’étranglement journalier est incessant, la circulation très dense et régulièrement embouteillée, le manque perpétuel de places de stationnement qui sera aggravé- car il y a de grands ensembles résidentiels récents-, ne plaident pas en faveur de cet équipement en ce lieu. On peut très logiquement s’attendre à une aggravation des problèmes évoqués, conduisant à une asphyxie de la zone, empoisonnant la vie des habitants et pénalisant les commerces existants. La vocation balnéaire de Saint-Pierre sera en grande partie sacrifiée.
– La réalisation de ce projet à cet emplacement a aussi pour résultat d’augmenter la densité d’équipement cinématographique pour le centre-ville de St-Pierre qui a déjà 2 salles de cinéma, ainsi qu’une salle de cinéma « Art et essai ». A terme, ce projet fera sûrement disparaître ces deux équipements qui sont des salles traditionnelles auxquelles la population est attachée, car faisant partie de son histoire.
– Or, les porteurs du projet affirment que cet équipement s’adresse au bassin de vie du Sud (les 10 communes : les Avirons, l’Etang-Salé, Saint-Louis, Cilaos, l’Entre-Deux, Le Tampon, Saint-Pierre, Petite-Île, Saint-Joseph et Saint-Philippe), donc potentiellement à plus de 300.000 personnes, véhiculées, que l’on va concentrer au cœur d’une ville.
Si cet équipement s’adresse aux habitants du Grand Sud, pourquoi vouloir donc l’installer sur le front de mer, en un lieu (en cul de sac) surchargé, et où se concentrent déjà bon nombre d’activités (le port de plaisance et de pêche, le casino, les nombreux restaurants, rondavelles, bars et discothèques, plage, jardins et zone de pique-nique, sans oublier la Caisse d’Allocations Familiales, administration très sollicitée par la population du Sud ?«
L’association se dit « bien entendu favorable au principe d’un multiplexe facile d’accès pour tout le bassin Sud, avec parkings nombreux et mutualisables avec d’autres structures commerciales déjà existantes ou à créer« . Une description qui ressemble étrangement à celui du projet concurrent, que la société Investissement et Commerce souhaitait voir implantée dans la ZAC Canabady.
Les arguments du recours sont sérieux. Reste maintenant à savoir si la commission nationale va suivre l’association saint-pierroise…