Avant d’évoquer le comparateur lancé par l’enseigne Leclerc, Jen-Hugues Ratenon n’en oublie pas le chemin parcouru : « Le combat contre la vie chère démarre en 2009 avec les produits Cospar. Puis vient en 2012 la liste des 60 produits solidaires avant bientôt le bouclier qualité prix. Pour moi, la loi Lurel n’est pas satisfaisante« .
Selon lui, le problème de la vie chère ne se pose pas qu’en des termes de prix en grande distribution. Comme si l’angle d’attaque avait oublié « la téléphonie, le prix des pièces auto ou encore celui des banques« . Sans détour également, il regrette que le volet de la prime de vie chère soit restée sur le carreau. La loi est, selon ses propres termes, « très insuffisante« . « Il faut aller plus loin. Comment parler d’une loi sur la vie chère sans évoquer la question de la prime de vie chère ? » demande-t-il sans être dupe.
Autre remarque qui tient à coeur à Jean-Hugues Ratenon : la mobilisation citoyenne. « On ne peut pas attendre que ça vienne de Paris« . A l’entendre, les Réunionnais pourraient faire vaciller les grandes enseignes en boycottant celles dont les marges sont régulièrement épinglées. Et le spécialiste de la révolte par la rue de se rappeler des appels aux journées sans achat. Ce fût le cas à l’encontre de la marque Jumbo, souvent désignée comme « la plus chère« .
Jeudi matin, Jean-Hugues Ratenon s’est longuement entretenu avec Pascal Thiaw Kine, président du groupe Leclerc Réunion au siège du GIE Distri Mascareignes dans la zone industrielle du Port Ouest.
De cet échange, il en ressort un bon point pour l’enseigne qui n’a de cesse de répéter qu’elle est la plus compétitive pour le porte-monnaie. « Le comparateur de prix lancé par Leclerc c’est un peu moins de 600 produits. C’est excellent« , juge-t-il. La transparence tant réclamée depuis des années par l’ARCP trouve ici un écho favorable. « La loi oblige les enseignes à dire la vérité« . Pour lui, si l’enseigne Leclerc a pris la peine de mettre en ligne cet outil comparatif, c’est bien pour en sortir grandie quelque part. « Mi voit pas Leclerc met ça pour finalement prouver que li lé pas le moins cher« . Encore une fois, ce nouvel outil sera jugé dans le temps.
Des bornes de prix comparatives pour chaque magasin
Cependant, une légère atténuation dans son discours va à l’encontre des prix pratiqués en fonction des quatre grands secteurs de l’île. Au sein de la même enseigne et pour le même produit, les prix peuvent diverger selon la localité. « Si Leclerc est capable de proposer un prix plus haut sur Saint-Gilles par rapport au même produit dans son magasin du Tampon, ça veut dire que lu na encore de la marge sur le prix le plus bas. » Finalement, ce comparateur donne une foultitude de renseignements et de façon indirecte à son association. Une aubaine qu’il promet de regarder à la loupe les prochaines semaines. « Avant, on bataillait pour avoir les prix. Maintenant, c’est l’enseigne elle-même qui nous les donne« , avance-t-il, non sans humour.
Jean-Hugues Ratenon ne serait pas Jean-Hugues Ratenon sans son éternel appel à la mobilisation. « L’arbitre, le maître : c’est le consommateur ! » Une façon de dire qu’avec un tel outil de comparaison, il appartiendra à chacun de faire ou de défaire les logiques commerciales de la grande distribution. Au stade des perspectives enfin, le leader de l’ARCP imagine sans difficulté que la mise en place de tels sites comparatifs pourrait être « imposée » à toutes les enseignes. Et « pourquoi pas avec des bornes dans chaque magasin qui nous diraient instantanément que tel produit est plus cher ici ou ailleurs ? » « Est-ce que ce n’est pas une mission de l’observatoire des prix ? » A bon entendeur.