Le CASE de l’écart du Guillaume était plein ce jeudi matin. Une trentaine de jeunes, âgés de 18 à 25 ans, sont venus en savoir un peu plus sur les formations offertes par le RSMA.
Et ils ont vite fait de comprendre où ils mettaient les pieds, si toutefois leur persévérance venait, dans les prochains jours, à se concrétiser par une démarche de candidature.
C’est l’adjudant Olivier Chazeaud qui a planté le décor, avec la voix qui porte et le discours à la militaire, sans chichis. « L’argent facile ne va pas tomber dans les poches. Avant de râler, il faut se battre, au sens figuré, pour trouver un emploi », cadre-t-il sans ambiguité possible.
« Si vous avez envie de vous en sortir, à travers une formation professionnelle, de respecter les règles de la société, qui sont encore plus strictes chez les militaires, alors vous pouvez venir chez nous », explique l’adjudant qui brossera par la même occasion le parcours de « simple soldat » qui a été le sien il y a 23 ans de cela. La preuve que s’accrocher finit par payer. « Aujourd’hui je suis adjudant de carrière, donc sous-officier, et j’ai d’autres concours ou examens devant moi », détaille-t-il avant de laisser la parole à deux Réunionnais au parcours remarquable qui ont croisé, eux aussi, la route du RSMA un jour.
Honneur au plus ancien, Jérôme Jeanson. C’est en tant qu’appelé dans le cadre de son service militaire qu’il intègre le RSMA, ce dispositif unique aux DOM. « Je n’étais pas habitué à me lever tôt déjà. Tous les matins, c’était réveil à 4h30. On dressait notre lit, on faisait le nettoyage. Ça a commencé comme ça. C’est vrai que le premier mois, ça provoque un changement radical. Ensuite, chacun a été affecté à son unité de formation en fonction de son niveau d’adhésion face à la discipline et à ses compétences », se souvient celui qui, désormais, occupe le poste de conseiller à la Mission Locale Ouest. Il retient que le point de départ de son parcours réussi a été la rencontre avec le service militaire adapté.
Mais le discours de l’adjudant Chazeaud ne verse toutefois pas dans l’angélisme. « Nous ne sommes pas les sauveurs de l’emploi à la Réunion. Le RSMA n’est qu’un des 360 centres de formation qui existent dans l’île », avise-t-il.
A ses côtés, Scotty Patterson n’a également pas à rougir d’un parcours qui n’en est pourtant qu’à ses prémices. Il s’est engagé en janvier dernier. Il a 20 ans. Titulaire d’un CAP mécanique, le jeune homme souhaitait se spécialiser dans l’hydraulique. « Mais ce n’était pas disponible à la Réunion », raconte-t-il sans amertume. Au contraire, « du coup j’ai dû partir en métropole, faire mes classes à Besançon ». Etant bien classé (5ème) de promo, il obtient le choix en hydraulique qu’il souhaitait. Et dans l’armée, puisque la fonction prime sur le grade, le jeune « apprenti » a déjà sous sa coupe des caporaux et caporaux-chef alors qu’il n’est lui-même que simple sapeur.
« Je suis parti découvrir le monde. En gros c’est ça ! »
Lundi prochain signe la fin de sa permission dans son île. Direction la Champagne-Ardennes pour y passer le permis poids-lourd. L’étape obligatoire avant son déplacement en Guyane en novembre. Lui même n’en revient pas: « Je me suis engagé en janvier et c’est parti ainsi de suite. J’ai rien vu venir ».
Désormais titulaire d’un niveau de qualification équivalente au DUT, il rappelle qu’en sortie de son CAP, il était « plutôt difficile de trouver un emploi ici », dans son domaine.
« Mais voilà, je n’ai pas choisi la facilité en fait. J’ai pris mon courage à deux mains, je suis parti découvrir le monde. En gros c’est ça ! », sourit Scotty.
Le jeune Réunionnais a signé pour cinq ans. Il lui en reste trois de service, plus une année dite de reconversion.
Son chemin est tracé. « Je reviendrai à la Réunion pour partager cette expérience au RSMA, en tant que formateur, pour justement former des jeunes à mon tour, leur livrer de mon expérience », explique-t-il.
Outre la mécanique, d’autres formations aux métiers de la terre, du bâtiment, du tertiaire, de la restauration, du transport routier et de la sécurité sont proposés au SMA.
Depuis le mois d’août, la mairie a déjà programmé huit rencontres avec les militaires dans les quartiers de Saint-Paul. 200 participants ont fait savoir qu’ils étaient intéressés, soit une moyenne de 25 jeunes par session.
Les actes de candidature devront s’affiner dans un second temps en lien avec la MIO. Enfin, très bientôt, une convention de partenariat mairie/RSMA sera signée le 9 octobre lors du Carrefour de l’emploi.