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Quelle musique réunionnaise pour les Seychellois ?

?Ou koné koman Larényon i représent nout mizik réyonéz dann FESTIVAL KREOL des Seychelles ? Savez-vous comment notre musique réunionnaise est représentée au Festival Créole des Seychelles ?

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 31 octobre 2014 à 14H45

La semaine dernière en vacances aux Seychelles, j’ai découvert, par hasard que j’allais assister à la 29ème édition du Festival Kréol international. Ce qui est décrit dans les guides, comme la manifestation culturelle la plus importante des Seychelles, rassemble des artistes venus des îles de l’Océan Indien et des Antilles.

On ne peut pas dire que cet événement annuel ait été beaucoup médiatisé dans notre île, je suis donc curieuse de découvrir quels artistes vont représenter notre musique.

Les Antilles ont envoyé le groupe Kassav, de renommée internationale, qui assurera le concert-phare du samedi soir, sur le Grand Stade Populaire de la capitale Victoria. C’est le seul groupe qui fera la Une des journaux seychellois.

Ce vendredi soir, sur le grand podium du stade, après l’unique chanson d’ouverture par Kassav – groupe créole incontestablement vedette, suivie des incontournables discours des officiels, se succéderont les groupes des différents pays. D’abord les chanteurs et chanteuses seychellois, de diverses générations et divers styles, accompagnés par une seule et même équipe de musiciens.

Voila les Rodriguais avec leurs ravanes, les Mauriciens qui feront aussi un étonnant Maloya à la sauce djembés africains  … Ce sera d’ailleurs le seul « Maloya » de la soirée. A Maurice, on doit se souvenir que cela fait 5 ans que le Maloya est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO .. Ce qui ne semble pas être le cas des Réunionnais …

En effet, qui est donc ce Méta qui représente La Réunion ? Pour moi c’est un illustre inconnu, que je n’ai vu sur aucune scène réunionnaise, ni entendu sur aucune radio. Est-ce un professionnel ? Un ami d’amis pistonnés… qui lui offrent des vacances ? On ne peut pas dire qu’il chante juste, ni qu’il soit une bête de scène … et mes voisins Seychellois rigolent bien quand il se lance dans son titre « Bébé, avec toi je me sens bien »…il ne chante même pas en créole dans ce festival créole !!! Poussant le ridicule dans le dernier couplet à bêler non pas Bééébéééé….mais « Seychelles, avec toi je me sens bien » sans doute pense-t-il faire plaisir au public local, résultat : mes voisins seychellois rigolent encore plus ! Quant à moi, je ne suis pas fière d’être réunionnaise et je me demande bien, d’où on a pu tirer ce chanteur… d’un trou béééébéééte ? Et si le préfixe grec méta- veut dire « à côté de », je suis bien d’accord que ce Méta–là (pas hurlant) était à côté de la plaque !

Heureusement que Yaëlle Trulès accompagnée, entre autres musiciens par les frères Riesser, va relever le niveau avec une présence charmeuse, une voix profonde et ses nouvelles chansons dont les paroles tiennent la route . Elle, au moins, je la reconnais, d’abord comme starlette de la météo, et aussi comme une chanteuse, fille de son illustre père ! Et le public l’applaudit très justement. Elle a apporté la touche féminine, jeune  et contemporaine de la chanson réunionnaise.

Mais j’attends toujours les Ségas et Maloyas qui font la spécificité de notre biotope musical !

Voici le tour d’une fonkézeuse  de feu : «  Kaloune –la Fée Noire », elle va dire, avec la  force qui la caractérise, un des poèmes de sa composition,  sur les sons aigrelets égrenés par son sanza. La qualité de sa prestation est au rendez-vous, même si l’offre étonne un peu, et ne semble pas correspondre à ce qu’attend le public venu pour danser.

Toujours pas de ségas ni de maloyas réunionnais, c’est dommage !  Je resterai donc sur ma faim toute la soirée sans entendre nos musiques emblématiques…  Cela viendra le dimanche après-midi, quand je rejoindrai le stade du Cap dans le sud-est de l’île de Mahé.

Plusieurs milliers de Seychellois se pressent déjà pour danser sous le gros soleil et dans la poussière… Pendant que je cherche une place pour garer la voiture, j’entends sur la radio locale qui diffuse l’événement en direct, un pot pourri de ségas-maloyas réunionnais entonnés par Yaëlle Trulès. Je reconnais même une chanson de Firmin Viry… Au moment où j’arrive, elle se lance même à danser toute seule un Maloya en bas du podium.

Après elle, c’est au tour de la Compagnie des  Compères Créoles de faire une démonstration de quadrilles et polkas piquées (précisons que personne, à part eux, ne danse cela, à La Réunion, depuis plus de cent ans… ) S’ils aimeraient devenir un vrai groupe folklorique, il leur faudrait apprendre à bien caler leurs chorégraphies,  et remédier au manque d’ensemble évident des quatre couples plus mal assortis que jamais, que ce soit par leurs tailles, leurs âges et leurs costumes dépareillés… Un tel spectacle passerait, tout juste, pour animer l’après-midi d’une maison de retraite … mais là,  encore une fois,  je ne suis pas fière du tout d’être réunionnaise… Hélas, je n’ai pas encore tout vu ! Car l’un des danseurs s’empare du micro, décidé à faire danser le public, en se prétendant chanteur de Maloya … Ce qu’il va faire avec nombre de fausses notes et sans rythme aucun…quel désastre ! Je n’ai toujours pas vu l’ombre d’un roulèr, d’un kayamb, d’un sati, pikèr ou bobre ! Où sont nos instruments traditionnels, nos rythmes, nos mélodies que tout le monde entonne, où est donc la musique réunionnaise que j’aime et que j’aurais aimé entendre sur cette terre seychelloise ?

Une fois son massacre terminé, le danseur laisse enfin la place aux groupes seychellois suivants. Car tous nos « grands artistes réunionnais » se dépêchent de partir … ils n’aurons pas la politesse d’écouter ce que chanteront leurs hôtes seychellois sur le podium … Pressés d’aller retrouver la plage privée ou la piscine de leur bel hôtel, ils se sauvent vite à travers la foule… Personne ne les accoste pour les saluer, les remercier, ou les huer … les Seychellois sont gentils et ont applaudi par politesse …

Moi,  je suis encore interloquée par ce que j’ai vu, et je m’interroge sur cette sélection : comment sont-ils arrivés là ? Qui les a choisis ? Sur quels critères ? Dans quel objectif ? Avec quelle mission ? Avec quel budget ?  

Qui réfléchit à l’image que l’on veut donner de la musique réunionnaise à l’étranger ?

Koman ou veu mét La Réunyon an lèr, an déor,  ék une parey ékip ?

Pascaline

 

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