Hier encore à Saint-Leu, lors du rassemblement de soutien à Fabien Bujon, la figure du spot de Saint-Leu, Ery Courtois, annonçait que l’équipage sur lequel il avait pris la mer la semaine dernière avait croisé un requin de 3m au large de Saint-Leu.
Il y a deux semaines, avant l’attaque, des parapentistes auraient aperçu des requins quelques minutes avant leur atterrissage près de Kélonia. Qu’en est-il réellement ? Toutes ces informations remontent-elles réellement jusqu’aux autorités en charge du risque ? Nous avons voulu faire le point avec le CROSS Réunion, organisme chargé de centraliser les observations de requins depuis 2011.
« La procédure opérationnelle de signalement a été mise en place dès le mois d’octobre 2011 » explique Cédric De la Brosse. Cette procédure a été validée avec le sous-préfet de Saint-Paul, les partenaires scientifiques et toute la chaîne opérationnelle, du MNS au Codis. Tous font partie du « réseau officiel. »
Chaque témoignage qui arrive au CROSS est pris au sérieux. « Il s’agit pour nous d’évaluer si l’observation génère un risque en direction des plages » évalue-t-il. « Dès qu’un squale est potentiellement dangereux, on avertit le poste des sauveteurs. » Après l’alerte en elle-même, le CROSS prend le temps de recouper tous les éléments obtenus. « C’est ce que nous appelons la levée de doute« , dit le Chef du groupe opérations CROSS Réunion.
« Nous avons une fiche d’observation où une batterie de questions est posée à la personne ou aux personnes qui ont pu apercevoir le squale. Tous les éléments tangibles sont bons à prendre. Heure d’observation, localisation visuelle, coordonnée géographique précise lorsqu’il s’agit d’un marin, descriptif du requin observé, état de la mer, etc… »
Faire attention aux plaisantins
Au-delà de cette phase d’alerte en direction des MNS, le CROSS empile les données qui seront elles-mêmes reversées aux scientifiques, pour un traitement ultérieur. Rappelons que le programme CHARC essaie, autant que possible, de croiser les observations avec d’autres facteurs comme la météorologie par exemple.
Pour l’anecdote, la dernière observation en date validée par le centre localisé au Port date du 8 juillet, c’était aux Roches Noires. Quelques jours plus tôt, C’est un autre squale qui avait été signalé par un voilier au large de la Pointe des Châteaux Saint-Leu le 5 juillet. Un requin tigre selon les propos rapportés de cet équipage.
Sur les 50 observations relayées vers les hommes du CROSS depuis octobre 2011, une vingtaine a été considérée comme « validée ». Sur la cinquantaine, « une quinzaine a été faite exclusivement à Boucan-Canot et Roches-Noires ». Toujours sur la cinquantaine d’observations, Cédric De la Brosse fait les comptes. Un quart d’entre elles provient des MNS eux-mêmes. Des observateurs que le CROSS qualifie d’observateurs de « qualité objective. » Gare donc aux plaisantins qui voudraient gonfler les chiffres pour, soit entretenir la peur, soit mettre la pression sur les autorités.
Rappel : Le CROSS est joignable au 0262434343 ou sur fréquence VHF canal 16