Malgré l’assurance qui leur a été faite ce matin que "tous les contrats des techniciens étrangers travaillant sur la construction de la centrale EDF du Port sont conformes au droit européen" et la mise au jour de quatre contrats irréguliers, les syndicalistes de la CFDT du BTP continuent de faire grise mine.
"Ils vont sans doute régulariser ces contrats irréguliers, mais le problème c’est que l’on ne maîtrise rien du tout. Je ne suis même pas sûr qu’EDF maîtrise les emplois assurés en sous-traitance", estime Pierre Savigny de la CFDT BTP.
"On met toujours en avant le droit européen pour justifier l’emploie d’Espagnols ou d’Européens de l’Est alors que dans le même temps on est à la traine à la Réunion avec un taux de chômage record", ajoute le syndicaliste, qui, à 73 ans, est bien rôdé. Et encore une fois, il est obligé de se justifier: "Certains personnages souhaitent nous associer aux partis extrêmes mais nous n’avons rien à voir avec tout ça".
Le respect du droit européen est une chose, la convention locale une autre
Son organisation syndicale continue de réclamer l’application de la convention du bâtiment Réunion à ces salariés venus du continent européen. La direction du travail, missionnée il y a une semaine pour établir un état des lieux du chantier, en a recensé 232 exactement. "On ne sait toujours pas si la grille tarifaire de la convention locale est appliquée à ces travailleurs", résume-t-il, toujours aussi remonté. Sans aucune preuve apportée dans les prochaines semaines, la CFDT promet de maintenir son étau autour de la direction d’EDF: "M. Bressot (le directeur régional d’EDF, ndlr) nous a martelé que les travailleurs étrangers respectaient le droit européen, mais c’est la convention locale qui doit être respectée".
La direction du géant de l’électricité n’est pas la seule à en prendre pour son grade avec la CFDT BTP. "La Préfecture a menti", estime Pierre Savigny. "C’est vrai qu’il y avait les vacances" , explique le syndicaliste qui s’étonne de l’absence de réponse à son courrier adressé le 27 juillet. Dans celui-ci, le syndicat demandait le pilotage par l’autorité préfectorale d’une table ronde sur la question de l’emploi sur le site du Port et sans doute bien au-delà.
Le "calme plat" du côté des politiques
"Nous n’avons toujours pas de réponse. Cette table ronde devait faire intervenir tout le monde, y compris l’association des maires", précise Pierre Savigny. Pas même les politiques n’obtiennent cause à ses yeux: "les courants politiques sont silencieux. C’est le calme plat". La prochaine réunion entre les acteurs du BTP sur le chantier tant controversé d’EDF au Port aura lieu le 3 novembre. "J’aurais souhaité une nouveau point plus tôt mais celui-ci a été largement accepté par tout le monde", conclut-il, décidément insatisfait sur tous les points.