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Quand les historiens nantais disent ce qu’est l’histoire…

On ne sait pas si on doit rire ou en pleurer. Voilà que les historiens nantais se posent en donneurs de leçons. Dans un courrier écrit par le directeur du département d’histoire de l’université de Nantes, il semblerait qu’à La Réunion, on confonde  » la vocifération avec l’objectivité, l’excellence avec le clientélisme, l’ouverture au dialogue […]

Ecrit par Le Club de La Réunion – le lundi 30 mai 2016 à 11H28
On ne sait pas si on doit rire ou en pleurer. Voilà que les historiens nantais se posent en donneurs de leçons. Dans un courrier écrit par le directeur du département d’histoire de l’université de Nantes, il semblerait qu’à La Réunion, on confonde  » la vocifération avec l’objectivité, l’excellence avec le clientélisme, l’ouverture au dialogue et la construction de la science historique avec le réflexe identitaire « .

Immanquablement, on en revient à l’idée que les chercheurs réunionnais sont nombrilistes, manquent d’ouverture et font preuve de parti pris. Le chercheur venant d’autres cieux notamment nantais peut lui aider  » à la meilleure compréhension d’une histoire commune dégagée de la réitération de mémoires antagonistes « .

Cette vision est plus qu’insupportable. Elle doit nécessairement changer. La posture suivant laquelle l’historien exogène, spécialiste de l’histoire de l’esclavage, est neutre et objectif a justement été remise en cause par un historien originaire de … Nantes !
En effet, Olivier Pétré-Grenouilleau, présenté par ses pairs comme le symbole de la rigueur de la Science historique a été accusé en 2005 de révisionnisme suite notamment à la publication de son ouvrage sur les traites négrières et à un article paru dans le Journal du dimanche le 13 juin de la même année. Les critiques portées par les associations furent ensuite relayées dans le milieu académique.

Ainsi, Bernard Vincent dans un numéro de la revue d’histoire moderne et contemporaine (2005) ne put que contredire Olivier Pétré-Grenouilleau lorsqu’il attribua aux musulmans l’antériorité de l’interprétation de la malédiction de Cham  » afin de légitimer l’esclavage des Noirs « . Christine Chivallon, dans la même revue, indiquait que l’on était en droit de s’interroger sur la signification d’un ouvrage  » tendu vers la banalisation ou la minorisation du projet contenu dans l’entreprise négrière et esclavagiste européenne « .

Quant au professeur Louis Sala-Molins, il fut consterné par l’absence d’évocation du Code Noir et de ses avatars juridiques européens.
Par ailleurs, lorsque le directeur du département d’histoire de Nantes affirme que son chercheur peut aider  » au développement de travaux novateurs « , il est difficile de ne pas en douter.

Car l’université de Nantes a été souvent à la traîne en matière de recherche sur l’esclavage et la traite. Ce sont les associations porteuses de mémoire, si souvent décriées par les tenants de la Science et de la Recherche qui ont, par exemple, permis à Nantes de se pencher sur son passé de capitale française de la traite négrière. Faut-il rappeler que c’est l’association les Anneaux de la Mémoire qui a largement initié le mouvement avec la fameuse exposition au château des ducs de Bretagne (qui draina près de 400 000 visiteurs entre 1992 et 1994) ? C’est également cette association qui a contribué à dynamiser la recherche sur l’esclavage grâce à la création d’un fonds documentaire très fourni, à l’organisation de colloques et de conférences, mais aussi et surtout grâce à l’édition d’une collection devenue incontournable : Les Cahiers des Anneaux de la Mémoire.

Enfin, à bien des égards, le courrier du département d’histoire de Nantes pose question. Si leur chercheur est si brillant que cela pourquoi n-a-t-il pas été recruté depuis près de six ans à Nantes ou dans une autre université hexagonale voire étrangère ? Comment le directeur du département d’histoire peut-il considérer que la candidature de son chercheur est la meilleure sans avoir consulté les dossiers des autres candidats ? Comment sait-il, à plus de 9 000 km de Saint-Denis et avant la tenue du conseil d’administration de l’Université de La Réunion, que le comité de sélection  » n’a en rien dérogé aux pratiques réglementaires régissant ses travaux et l’établissement du classement final  » ?

Le Club de La Réunion

 

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