Lors du Conseil interministériel de l’Outremer du 6 novembre 2009, présidé par le président Nicolas Sarkozy en personne, et en présence de sa ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, il avait été acté qu’on essaierait d’embaucher un ultramarin, à chaque fois qu’on le pourrait.
Par ultramarin, il faut bien évidemment entendre quelqu’un d’installé dans un DOM et y ayant ses intérêts.
Décision louable en soi, et attendue depuis belle lurette par les diplômés locaux. En effet, il n’est pas normal, comme me le faisait remarquer un des plus hauts fonctionnaires de la Réunion, qu’il n’y ait pratiquement aucun Réunionnais parmi les principaux directeurs des services de l’État à la Réunion.
La décision est donc prise et annoncée avec tambours et trompettes par le président Sarkozy en personne. Sauf que…
Sauf que, un an plus tard, presque jour pour jour, le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, sur proposition du recteur de la Réunion, vient de nommer comme directeur du CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires), prenant ses fonctions à compter du 1er janvier, un de ses proches, Jean-Claude Duprat, jusque là Chef de bureau dans son ministère.
Pour information, Jean-Pierre Duprat a le grade d’APAC (attaché principal de l’administration centrale) et cette nomination à la Réunion représente pour lui une sacré promotion, avec bien sûr le salaire qui va avec. Agrémenté évidemment de la sur-rémunération qui l’accompagne…
Face à lui, il y avait quatre candidatures, toutes provenant de locaux, dont trois de niveau CASU (Conseiller d’Administration Scolaire et Universitaire) qui sont des grades supérieurs à un APAC. Le 4ème est APAENES, grade équivalent à l’APAC.
Ces candidats avaient en outre l’avantage d’avoir une expérience professionnelle en CROUS, ce que n’a semble-t-il pas le copain du ministre.
Si le ministre est le principal responsable, notre bon recteur Mostafa Fourar a également sa part de responsabilité : Il s’est en effet bien gardé de faire la promotion d’un cadre local ou du moins qui exerce dans l’académie avec une bonne connaissance du milieu étudiant et des conditions sociales des étudiants de la Réunion. Il a préféré soutenir quelqu’un du ministère, sans expérience du milieu concerné et avec aucune connaissance des particularités du département.
A noter également que le Directeur du CNOUS, l’organisme qui chapeaute le réseau des CROUS, est François Bonaccorsi, qui a été nommé à ce poste le 15 septembre dernier. C’est un ancien conseiller du cabinet de Valérie Pecresse qui était chargé de la réforme des universités.
Ce sont les avis de ces deux personnes, le recteur et le directeur du CNOUS, qui ont compté dans le choix du ministère.
Il leur appartient maintenant de mettre fin à cette injustice. Chacun à son niveau doit se saisir de ce dossier pour en faire un exemple. Il est encore temps pour le recteur, pour le préfet, pour le ministre, de revenir sur cette décision inique et de nommer un des quatre candidats locaux.
Sinon, on saura ce que valent les paroles d’un président de la République et d’une ministre…