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Psychiatrie: « Il y a beaucoup d’histoires de traitements abusifs à La Réunion »

Le manque de places, la mauvaise gestion du budget, mais aussi des abus dans le secteur de la psychiatrie à la Réunion sont dénoncés par la Commission des citoyens pour les droits de l'Homme (CCDH). Nous avons interrogé la présidente de l'organisation, Mylène Escudier, qui affirme que La Réunion aurait une tendance aux traitements abusifs des patients dans le secteur.

Ecrit par SH – le jeudi 24 octobre 2013 à 15H59

Suite à la [confirmation de l’ARS d’un manque de place dans certains services]urlblank:http://www.zinfos974.com/L-ARS-confirme-le-manque-de-place-dans-les-services-psychiatriques-a-La-Reunion_a63269.html , nous avons contacté la Commission des citoyens pour les droits de l’Homme (CCDH) afin d’obtenir leur point de vue sur la situation réunionnaise.

Zinfos974: Quelle image avez-vous de La Réunion en matière de psychiatrie?

Mylène Escudier: Il y a beaucoup d’histoires de traitements abusifs à La Réunion. Traitements inhumains, médicaments trop lourds, internements illégaux… Nous avons remarqué qu’en 10 ans, l’internement à La Réunion a augmenté de 50% (chiffres de 2011, ndlr). Les gens ne sont pas de plus en plus malades; les professionnels ne savent pas les prendre en charge.

Quelle est la forme d’abus la plus commune?

Le problème le plus récurrent est l’hospitalisation illégale ou inutile. Il existe deux types d’hospitalisation: libre et sous contrainte (sans l’accord du patient).

Dans quels cas peut se faire l’hospitalisation sous-contrainte ?

Dans quatre cas: 
– à la demande d’un tiers (et sur présentation de deux certificats d’hospitalisation)
– en urgence, à la demande d’un tiers (sur présentation d’un certificat)
– en cas d’extrème urgence, à la demande d’un psychiatre
– sur arrêté préfectoral

Les hospitalisations en urgence ne devraient être ordonnées par l’hôpital qu’exceptionnellement. Hors à La Réunion, 53% des hospitalisations étaient faites de cette manière en 2011 sur décision de l’hôpital. Il y a donc un non respect de la loi. Il y a trop d’internements, également à l’échelle nationale. Pour preuve, le nombre de psychiatres en France est un des plus élevé d’Europe (13.000 psychiatres).

Quelles sont les autres formes de maltraitance?

Nous déplorons la trop lourde quantité de psychotropes (10 à 20 par jour) qui transforment les patients en de véritables « zombies ». L’autorisation est ensuite souvent donnée à ces patients de quitter l’établissement, sous les effets de ces médicaments, ce qui est très dangereux; d’ailleurs on le voit dans les faits-divers.

Il existe aussi un système punitif inhumain. Des patients sont parfois attachés pendant plus de 72 heures, punis par une camisole chimique ou une camisole de force, enfermés dans des chambres d’isolement avec un lit en feraille et un sceau pour faire leurs besoins… Ce n’est pas comme ça que l’on soigne un malade.

L’ARS avoue avoir un manque de psychiatres par rapport à la métropole. Êtes-vous d’accord?

Je n’ai pas les chiffres en tête mais je sais que la psychiatrie serait le deuxième poste de dépense de la santé en France. Le budget est énorme (110 millions d’euros en moyenne par an à la Réunion, ndlr). S’il y a un manque de médecins, comment dépensent-ils tout cet argent? Peut-être le dépensent-ils sur des nouvelles chambres d’isolement plutôt que sur de bons psychiatres.

 

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