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Premier jour de procès pour le pompier pyromane

Le procès aux assises de Patrice Nirlo, ancien caporal-chef, a débuté ce matin. Ce procès d’envergure est une première au niveau national. Une douzaine de témoins, une dizaine d’avocats et une couverture médiatique exceptionnelle. L’incendiaire du Maïdo n’a pas fini de faire parler de lui.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 03 février 2016 à 14H41
En 2010 et 2011 se succèdent des incendies d’envergure exceptionnelle au Maïdo, au coeur du parc national classé au patrimoine mondial de l’Unesco. 800 hectares, 130 hectares, 2.800 hectares, la superficie de forêt disparue en fumée s’additionne, tout comme les départs de feu.

Jean-Pierre Szysz, le Président de la cour d’appel prononce très vite les mots « grave préjudice écologique et environnemental » à l’ouverture du procès. Pourtant, celui-ci aurait pu ne pas avoir lieu. En 2010, un non-lieu est prononcé et en 2011 l’auteur reste toujours inconnu. C’est un incendie le 23 octobre 2013 qui va amorcer la piste du caporal-chef Nirlo.

À Sainte-Marie, un incendie se déclare, détruisant 3 hectares de végétation. Sur place, un témoin repère la Toyota Yaris gris-bleu de Patrice Nirlo. C’est la première piste d’une investigation de longue haleine. Les recoupements avec les appels téléphoniques passés à proximité des points de départ sont effectués et le rapprochement est fait. Le pompier est placé en garde-à-vue et reconnait les faits.

Il déclare « être soulagé »

Sous prétexte d’aller faire du sport pendant ses jours de repos, Patrice Nirlo provoque des départs de feu avec des broussailles sèches. Au moment de son interpellation, le suspect déclare « être soulagé ». Il avoue également ne « pas avoir pensé aux conséquences de ses actes », et a ajouté qu’il « sentait qu’il y avait deux personnes en lui : celui qui allumait les feux, et celui qui les éteignait ».

Le pompier utilisait symboliquement la boîte d’allumettes de son enfance

En tout, Patrice Nirlo reconnait avoir lancé en 2010 deux foyers différents au Maïdo, trois foyers au volcan. Puis en 2011, il reconnaît avoir lancé trois foyers au Maïdo. En 2013, il reconnaît les deux départs de feu du Moka. Les enquêteurs constatent « une détermination certaine à la prise du feu, en utilisant symboliquement la boîte d’allumettes de son enfance ».

L’image du glorieux soldat du feu

Patrice Nirlo semble vouer une passion dévorante à éteindre des incendies. À l’âge de 16 ans déjà, il accourait dès qu’un incendie se déclarait dans son quartier. Il tente de devenir sapeur-pompier et n’y arrivera qu’à l’âge de 40 ans. De là, il gravit les échelons et s’intègre dans la vie associative. L’expertise psychologique révèle qu’il « entretenait l’image du glorieux soldat du feu ». Sur le papier, il est devenu un pompier exemplaire, et sa vie de famille est également à cette image.

 

Les chefs d’accusation font état de dommages irréversibles à l’environnement, mise en danger d’autrui, destruction volontaire. Que s’est-il donc passé pour que le pompier exemplaire, cité pour sa détermination et sa loyauté par ses collègues bascule?

Plus de 200 pompiers ont été blessés lors de ces incendies

Le Lieutenant-colonel Pothin est passé à la barre ce matin en tant que témoin. Il décrit les efforts surhumains déployés par les sapeurs pompiers des semaines d’affilée.« On avait l’impression de courir toujours après l’événement, c’était des incendies hors-normes » déclare Henri-Claude Pothin. Plus de 200 pompiers ont été blessés lors de ces incendies. Risque d’encerclement par le feu, chutes,… les soldats du feu ont pris de grands risques lors de leurs interventions. « On était tous au bord de l’épuisement. Sans le Dash 8, on n’aurait jamais pu arriver au bout de ce sinistre« , poursuit-il. L’avocat général revient sur le « scénario de guerre, la mobilisation générale, l’exfiltration des victimes ». « Courage et dévouement » : la devise des sapeurs pompiers a pris toute son ampleur dans ces moments.

On était tous K.O debout

À la nouvelle du pompier responsable des départs de feu, le Lieutenant-colonel Pothin avoue : « ça a été un véritable choc, la douche froide. On était tous K.O debout ». L’origine intentionnelle des incendies n’a jamais été un doute.

Les avocats de la défense ont amorcé leur ligne de plaidoyer. Selon eux, les moyens de soutien psychologique ont failli à soutenir les sapeurs-pompiers en état de fragilité. « Quand on est pompier, on n’a pas le droit d’être faible » soutient la défense. Patrice Nirlo serait-il passé entre les mailles du filet ?

La défense souligne également les délais d’acheminement du Dash 8 sur place. « Si il avait été accordé dès la première demande, au premier jour, les dégâts auraient pu être évités ». De même, la défense pointe du doigt le manque de préparation et de moyens face à des événements d’une telle ampleur.

Le procès du pompier pyromane se tient jusqu’à vendredi.

 

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