L’ensemble des organes de presse de la Réunion étaient représentés ce midi sur le parvis des Droits de l’Homme, devant le théâtre de Champ-Fleuri, à Saint-Denis. Une manifestation organisée par le SNJ (Syndicat national des journalistes) à la suite de l’agression, par des militants du député-maire de Saint-Leu, de plusieurs journalistes lors d’une conférence de presse, samedi après-midi, devant la préfecture de la Réunion, à Saint-Denis.
« Le SNJ dénonce les violences faites aux journalistes (…) Les journalistes menacés le matin, molestés l’après-midi et frappés à coups de pied et de poing (…) Cela fait quatre journalistes agressés par l’équipe du même député-maire dans la journée« , explique Véronique Hummel, secrétaire régionale du SNJ Réunion. « Il a organisé une conférence de presse samedi dernier, puis a ensuite appelé à chasser certains journalistes (…) Cette attitude de notre point de vue s’apparente à un guet-apens (…) Un électeur de la République qui organise un guet-apens, ses électeurs devraient lui demander des comptes« , ajoute-t-elle.
Au cours de cette manifestation, plusieurs journalistes, rédacteurs en chef et syndicalistes ont pris la parole pour dénoncer unanimement les agissements de samedi dernier. Dans l’auditoire, outre les journalistes de la Réunion venus en masse, des personnalités politiques de tous bords étaient présentes comme la députée-maire de Saint-Paul, Huguette Bello, le maire de Saint-Denis, Gilbert Annette ou encore la députée, Monique Orphé.
« Ne vous laissez pas intimider »
Plusieurs préconisations ont été prises par le SNJ et validées par l’ensemble des organes de presse présents ce midi. « On ne citera plus le nom de ce député-maire, même si on continue à informer sur ce qu’il fait ou ne fait pas (…). Le SNJ rappelle que, selon la loi, les conseils municipaux sont ouverts au public, donc il n’a pas à interdire aux journalistes d’assister aux conseils municipaux« , précise Véronique Hummel. Pour mémoire, le député-maire de Saint-Leu était invité sur les plateaux de télévision au soir des deux agressions, il avait alors affirmé : « les journalistes du JIR ne sont plus les bienvenus au conseil municipal de Saint-Leu« .
En plus, « le SNJ demande au préfet d’assurer la sécurité de tous les journalistes dans le cadre de leur travail. Ensuite, le bureau du SNJ alertera le président du MoDem (ndlr: François Bayrou). Puisque le député de Saint-Leu est l’un des deux seuls députés de ce parti, autant que son président sache ce qu’il se passe à la Réunion« , souligne-t-elle, tout en rappelant une dernière fois à l’ensemble de ses confrères : « Ne vous laissez pas intimider« .
Même tonalité du côté des rédacteurs en chef du Journal de l’île et du Quotidien, Yves Mont-Rouge et Thierry Durigneux. « La ville de Saint-Leu nous boycotte, tant pis pour elle« , lâche en premier Yves Mont-Rouge. « On fera notre travail, on véhiculera les messages tout en gardant le droit de les interpréter, des messages des élus de la République, mais pas des idiots de la République« , ajoute-t-il. Thierry Durigneux, puisque c’est un journaliste du Quotidien qui a été le plus sauvagement agressé, a réitéré sa fin de non-recevoir concernant les excuses du député-maire de Saint-Leu. « On ne peut pas se contenter d’excuses et je les refuse à nouveau« , explique le rédacteur en chef du Quotidien.
Toute cette affaire aura des suites judiciaires, puisque les journalistes agressés par les militants du député-maire de Saint-Leu ont tous décidé de porter plainte.
En-dessous : Vidéo des interventions des rédacteurs en chef du Quotidien et du Jir.