« Regarde la photo de mon fils monsieur, moin na cinq enfants, est-ce que li na l’air de quelqu’un que na envie suicide a li ? », demande, émue, la mère de l’homme porté disparu mardi dernier. Les seuls témoins de la scène évoquent toujours le fait que l’individu aurait bu une pile plate avant que, dans une manoeuvre sur la jetée étroite, les deux roues arrières de sa voiture ne basculent dans le vide. Les premiers coups de fils sont passés vers 20h30. Les policiers se rendent sur place et tentent de venir en aide à l’homme de 35 ans. Celui-ci, dans un geste encore incompris, panique et fuit devant l’aide des policiers. Il disparaîtra dans les vagues quelques secondes plus tard.
« Son corps doit être coincé sous les blocs de béton », juge pour sa part Tintin, un pêcheur habitué de la jetée. « Mi vient là chaque semaine, ajoute-t-il. Pou moin, soit le corps la reste pris côté Ouest, sous les tétrapodes, soit côté SRPP ». De ce côté de la jetée, « le courant à l’habitude de remonter vers le Nord et créer un courant unique dans ce sens sur toute la côte Ouest ». La jetée du port Ouest voit en effet très souvent une pelleteuse s’activer pour draguer un fond marin encombré par les galets.
La mère ne croit pas au scénario des policiers
Arrivée sur les lieux à 11h, la famille laisse éclater sa colère: « Là nous arrive là et na aucune recherche que lé effectué ». Un cousin du disparu parlera même de « deux poids, deux mesures ». Il fera allusion aux recherches intensives menées à la suite de l’attaque de requin de Boucan Canot en septembre dernier.
En peine, photo de son fils à la main, la mère du disparu évoque un fils aimant faire la fête mais qui n’avait pas de souci particulier, en tout cas pas au point de mener vers un suicide, terme qu’elle balaye d’ailleurs d’un trait. « Mi veut savoir ce que la police l’a fait exactement. Mon fils i pouvait pas jette à lu comme ça. La police l’a fait quelque chose… ». Seul élément qu’elle évoquera ce matin, une dette de 20.000 euros mais qui ne sera pas confirmée par les autres membres de la famille qui tiennent d’ailleurs à rester discrets.
A midi, toujours pas de zodiac de la brigade de recherche nautique à l’horizon. Seuls les ouvriers du chantier de réfection de la jetée marqueront une pause pour entendre les mots de la mère du disparu.