L’actualité connait parfois des télescopages qui laissent parfois pantois.
Ce vendredi 19 décembre est le jour annoncé qui doit connaitre un pic d’affluence à Gillot. Résultat : les capacités d’accueil de notre minable petit aéroport « international » (interdit de rire…) sont largement dépassées et les accompagnateurs des passagers au départ sont priés de rester à l’extérieur, tout en tentant de s’abriter du soleil ou de la pluie sous des tentes qui font penser à tout, sauf à un aéroport « international« . Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, on aurait plutôt l’impression de retrouver les conditions d’accueil d’un petit aéroport de province, au fond de la brousse d’un pays d’Afrique.
Les raisons ? Un manque d’anticipation des élus de la Chambre de commerce et des fonctionnaires de l’Etat qui, pour leur part, mettent en avant pour se défendre la complexité du dossier et le coût des travaux.
Tout ne serait donc qu’une question d’argent. Comme c’est bizarre. Le même jour, on découvre dans la presse locale que le Sud, sous la pression de ses élus (Michel Fontaine, André Yhien-Ah-Koon et Patrick Lebreton) pour une fois réunis, veut sauver son aéroport lui aussi « international« . Comment? En y injectant à profusion des fonds publics, bien sûr…
Et tant qu’on y est, on va également injecter plusieurs millions, toujours de fonds publics, dans une compagnie aérienne low cost montée par Gérard Ethève (oui, vous savez, celui qui a dilapidé en un an plusieurs dizaines de millions d’euros qu’Air Austral avait accumulés pendant des années et des années, amenant sa société au bord de la faillite, ce qui l’avait obligé à partir culotte dans la main…).
Et malgré tout ça (le rallongement de la piste, l’investissement dans l’amélioration des infrastructures, l’appel du pied à Air Mauritius pour qu’elle développe son implantation, quelques sous publics supplémentaires à Air Austral pour compenser d’éventuelles pertes), rien ne garantit que l’aéroport « international » de Pierrefonds attire suffisamment de passagers pour être « rentable« . Je mets volontairement le mot « rentable » entre guillemets car comment parler de rentabilité quand on a bénéficié d’autant d’argent public à chaque étape du dossier ?
La Réunion est probablement la seule région de France à disposer de deux aéroports « internationaux » à 90 km l’un de l’autre. Que dis-je en France? Probablement au monde… Tant il est vrai que nous aimons le qualificatif « au monde« . N’avons-nous pas déjà la route « la plus chère au monde » avec la NRL, même si c’est faux? Le record « du monde » de pluviométrie avec Takamaka (même si nous n’arrivons qu’en deuxième position…)? Et ce n’est pas fini. On nous annonce le téléphérique le plus long au monde à Saint-Leu. Mais ça c’est une autre histoire…
Tout cela pourrait prêter à sourire. Malheureusement, avec ces caprices d’enfants gâtés, le résultat c’est qu’on va se retrouver avec deux aéroports « internationaux » totalement dépassés, qui ne correspondent en rien aux besoins réels de la population, plutôt que de tout investir dans celui de Gillot pour l’amener réellement aux normes internationales. Deux petits aéroports ne font pas un grand aéroport…
Que nos élus aillent jeter un oeil sur l’aéroport flambant neuf Sir Seewoosagur Ramgoolam. Et qu’ils en prennent de la graine…