Quel bilan tirez-vous de ces élections législatives pour le Parti socialiste ? Sur les cinq députés de la précédente mandature à La Réunion, seule Ericka Bareigts a été réélue…Comment le PS peut-il se relever après une telle déroute ?
Le bilan est évidemment négatif puisque seule Ericka Bareigts est réélue. Personne n’imaginait qu’on puisse garder tous nos députés, car le score de 2012 était exceptionnel. On avait bénéficié, au-delà de nos espérances, du vote sanction contre la politique de Sarkozy et de la dynamique de la victoire de François Hollande. Mais on espérait avoir au moins une deuxième élue. Je suis comme tous nos militants déçus pour Monique Orphé et Virginie Gobalou qui ont mené une belle campagne, dans un contexte très difficile. Nous sommes tous atteints, mais je suis convaincu qu’on saura s’en relever. Cela dit, permettez moi de rappeler la part du PS dans la victoire des deux autres députés de gauche. Nous avons retiré nos candidats dans la 2ème circonscription et soutenu Huguette Bello dès le 1er tour, conformément à l’accord départemental PS/PLR. Et j’ai appelé à voter pour Jean-Hugues Ratenon dès le lendemain du 1er tour. Le PS a largement participé au rassemblement des forces de gauche dans cette circonscription, et c’est à Saint-Benoît que le meilleur score a été obtenu.
Le PS ne paie-t-il pas son manque de clarté sur sa ligne politique, entre une gauche radicale et celle qui souhaite aller vers plus de libéralisme ?
Nous payons incontestablement le prix de notre manque de clarté, d’un déficit d’explication, d’un manque de pédagogie de la part de François Hollande et du gouvernement sur l’action menée. La population n’a pas compris l’adaptation, pourtant nécessaire, à la réalité de la mondialisation et de la crise économique. Mais nous payons encore plus le prix de nos divisions. Une majorité au pouvoir ne peut pas se permettre de se déchirer pendant toute une mandature. Au final, tout le monde est perdant : les soutiens de l’action gouvernementale comme les frondeurs. La division, comme c’est toujours le cas, nous a tous affaiblis.
Comment le Parti va-t-il se recomposer dans les prochains mois ?
Il faudra d’abord bien cerner les causes de cette lourde défaite et en tirer ensuite les leçons. Nous devons clarifier notre orientation et être plus solidaires. Le Conseil National du Parti se réunit ce samedi, dans cette optique. On en saura donc plus dans les prochains jours, à la fois sur la clarification, la recomposition et le calendrier.
Les législatives passées, quelle est la position du PS vis-à-vis de la nouvelle majorité présidentielle ? En feriez-vous partie ou comptez-vous être dans l’opposition ?
Cela fera l’objet d’un débat. Nous sommes nombreux à souhaiter la réussite du Président et du gouvernement, dans l’intérêt du pays et de La Réunion. Ce quinquennat doit être utile aux outre-mer, à nos populations. Mais nous serons très vigilants sur l’action menée, les décisions prises. J’ai envie de dire : ni opposition ni chèque en blanc. On jugera sur pièces.