Revenir à la rubrique : Blog de Pierrot

Pétrole autour de Juan de Nova : Le juge administratif de St-Denis a fait plier Ségolène Royal

Deux compagnies pétrolières nigériane et américaine viennent de se voir délivrer par le ministère français de l'Energie et de l'Ecologie des permis d'exploitation pétrolière et gazière au large de l'ilot de Juan de Nova, situé dans le canal du Mozambique. Au grand dam des Malgaches qui revendiquent la propriété des iles Eparses françaises, qui faisaient partie de la Grande ile et qui en ont été détachées juste avant son indépendance. Des sources sérieuses comparent le Canal du Mozambique à la Mer du Nord en matière de réserves pétrolières.

Ecrit par zinfos974 – le samedi 03 octobre 2015 à 13H49

Juan de Nova, les Glorieuses, Europa, Bassas de India… Des noms connus des Réunionnais, mais qui ne disent probablement rien à une majorité de Français. L’avenir énergétique de la France pourrait pourtant bien dépendre de ces confettis français perdus dans le canal du Mozambique et dans l’océan Indien, connus sous le nom d’îles Éparses.

Les eaux territoriales françaises, grâce à ces îlots, représentent plus de la moitié de la superficie du canal du Mozambique et plusieurs études ont évalué ses réserves à 6 à 12 milliards de barils de pétrole et à 3 à 5 milliards de m³ de gaz. Au point que de nombreux spécialistes n’hésitent pas à voir dans le canal de Mozambique l’équivalent de ce que la mer du Nord représente pour la Grande-Bretagne en matière d’approvisionnement en pétrole et en gaz.

Cette richesse potentielle autant que soudaine n’a pas manqué de réveiller les appétits territoriaux entre autres de Madagascar, qui n’a toujours pas digéré que ces îlots au si fort potentiel aient été détachés de Madagascar, avant son indépendance, en 1960. D’autant que le 12 décembre 1979, l’assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution ordonnant la France à restituer les îles Eparses à Madagascar. L’année d’après, faute d’exécution de la résolution de 79, la même assemblée a demandé au gouvernement français d’entamer d’urgence avec le gouvernement malgache des négociations en vue de trouver une solution conforme aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.

La surprise est survenue à l’issue de la rencontre à Paris, il y a un an, des présidents français et malgache. Si le sujet n’a pas été évoqué dans le communiqué officiel publié à l’issue de la rencontre, ni lors de la conférence de presse qui a suivi, il a fait l’objet d’un communiqué de la présidence de la République malgache quelques jours plus tard affirmant que le président Hery Rajaonarimampianina avait proposé au président Hollande une co-gestion quant à l’exploitation de ces îles éparses, et que le « président français est convaincu d’engager des discussions« .

 

Aucune confirmation officielle n’est venue du camp français mais un indice pouvait laisser penser que le gouvernement de Manuel Valls souhaitait se donner du temps et ne prendre aucune décision susceptible de « braquer » nos amis malgaches. D’autant que la France a déjà signé en 2010 un accord de cogestion du même type, dans un autre conflit du même genre avec l’Île Maurice concernant l’île Tromelin. Alors que les compagnies nigériane et américaine Sapetro et Marex petroleum avaient obtenu en 2008 un permis de prospection en 2008 à proximité de Juan de Nova, et qu’elles avaient déjà payé 75 millions d’euros à l’état français, la ministre française de l’Energie et de l’Ecologie Ségolène Royal opposait depuis deux ans un silence assourdissant à leur demande d’un permis d’exploitation, suite logique du premiers permis.

La préfecture des Terres australes et antarctiques françaises étant basée à la Réunion, c’est le juge des référés de Saint-Denis qui a eu à se prononcer sur ce dossier le mois dernier. Et il a donné raison à Sapetro et Marex en condamnant l’Etat français à se prononcer sous un délai d’un mois. Faute de quoi, il pourrait être contraint à payer une astreinte de 5000€ journalière aux deux compagnies.

Devant le risque financier, Ségolène Royal a finalement plié et s’est exécutée trois jours après le prononcé du jugement. Un arrêté du 21 septembre prolonge les droits des deux compagnies jusqu’au 30 décembre 2018. Ces dernières pourront donc rapidement forer pour vérifier l’existence d’une poche qui pourrait contenir des milliards de barils équivalent pétrole, soit près de dix années de consommation française. Elles ont prévu d’investir 54 millions d’euros supplémentaires.

Entre les eaux malgaches, mozambicaines, tanzaniennes et françaises, 21 compagnies pétrolières ont acquis des droits de prospection depuis une dizaine d’années dans le canal du Mozambique. Et ces droits ne couvriraient que 30 % de la zone d’étude.

Cette décision de Ségolène Royal ne fait cependant pas que des heureux. Les Malgaches y voient la fin de leurs espoirs de réappropriation des îles éparses et certains partis « nationalistes » se sont d’ores et déjà emparés du dossier pour protester contre cette décision française. Une page Facebook intitulée « Juan de Nova de Madagascar » a même été ouverte, et compte déjà plus de 3.500 fans.

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Pierrot Dupuy : Les ennemis de mes ennemis sont mes amis

La question a tourné en boucle sur toutes les radios et toutes les télévisions durant le week-end : Le Rassemblement national est-t-il devenu un parti fréquentable et a-t-il réellement abandonné les idées racistes de son fondateur Jean-Marie Le Pen?

Pierrot Dupuy répond à Jacques Tillier

J’ai eu les honneurs de l’édito de Jacques Tillier dans le JIR de samedi matin. Ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé…
De quoi est-il question ?

Pierrot Dupuy – Ces salauds de chômeurs

Le patron des Républicains propose rien de moins que de vendre encore plus d’essence et de gasoil. Et cerise sur le gâteau, de le faire payer par ces salauds de chômeurs !

Turbulences à la direction d’Air Austral

Alors que tous les observateurs pensaient qu’Air Austral était sortie d’affaire et que les choses allaient rentrer dans l’ordre avec l’arrivée du groupe Clinifutur aux commandes et le départ de Marie-Joseph Malé de la direction, voilà que la compagnie aérienne régionale est à nouveau secouée par des turbulences.
Le DRH ainsi que deux autres membres de son service ont été mis à pied hier et convoqués à un entretien préalable la semaine prochaine en vue d’une sanction.