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Pertinentes réflexions du grand rabbin de France sur l’adoption

MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE. 12 L’adoption au nom du droit à l’enfant ? Ce que l’on entend : « Les homosexuels sont victimes de discriminations. Ils doivent avoir, comme les hétérosexuels, le droit d’avoir des enfants. » Ce que l’on oublie souvent de dire : Le […]

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 28 décembre 2012 à 09H21

MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE.

12 L’adoption au nom du droit à l’enfant ?

Ce que l’on entend :
« Les homosexuels sont victimes de discriminations. Ils doivent avoir, comme les hétérosexuels, le droit d’avoir des enfants. »

Ce que l’on oublie souvent de dire :

Le droit à l’enfant n’existe pas.
Il n’existe pas de droit à l’enfant, pas plus chez les homosexuels que chez les hétérosexuels. Personne n’a droit à avoir un enfant, au prétexte qu’il désire avoir un enfant.
Non, le droit à l’enfant n’existe ni pour les hétérosexuels, ni pour les homosexuels.
Un couple désireux d’avoir un enfant peut décider de s’unir pour le concevoir. Un couple désireux d’adopter un enfant peut faire les démarches nécessaires.
Mais aucun de ces couples n’a droit à l’enfant qu’il désire au seul motif qu’il le désire.
On peut refuser un agrément à un couple hétérosexuel si l’on considère que les conditions optimales pour la construction de l’enfant ne sont pas réunies. On peut considérer par exemple qu’il vaut mieux confier un enfant à un couple jeune ou en bonne santé qu’à un couple âgé et à la santé fragile. Dans l’éventualité d’un droit à l’enfant pour les couples homosexuels, tous les couples hétérosexuels auxquels on refuse l’agrément se sentiraient discriminés, à un titre ou à un autre, et seraient fondés à réclamer pour eux le même droit.
Aussi douloureuse soit-elle, la stérilité ne donne pas, pour autant, droit à l’enfant.
Des personnes connaissent la stérilité ou l’absence de procréation, à cause de la maladie, de l’âge avancé, du célibat ou de la configuration sexuelle du couple. Il ne saurait être question de nier la souffrance qu’éprouvent des couples homosexuels, féminins ou masculins, du fait de leur infertilité – souffrance commune à celle de couples hétérosexuels qui ne peuvent pas procréer. Ces couples homosexuels demandent aujourd’hui à ce que leur souffrance soit reconnue et soulagée. Seulement, personne n’a le droit de se soulager de son fardeau aux dépens des autres, et encore moins sur le dos d’innocents et de faibles.
La souffrance du couple infertile n’est pas une raison suffisante pour que ce couple obtienne le droit d’adopter. L’enfant n’est pas un objet de droit mais un sujet de droit.
Parler de « droit à l’enfant » relève d’une instrumentalisation inacceptable. Si quiconque veut l’enfant a droit à l’enfant, alors l’enfant devient un enfant-objet.
Dans le débat actuel, l’enfant en tant que personne, en tant que sujet est absent
 des propos de ceux qui réclament l’adoption par les couples homosexuels. Et cette absence leur permet d’éviter de se demander à quoi l’enfant pourrait avoir droit, de quoi il pourrait avoir besoin, s’il préfère avoir un père et une mère ou deux parents du même sexe. Ici, la désinvolture confine parfois au cynisme.
Le droit de l’enfant est radicalement différent du droit à l’enfant. Ce droit est fondamental. Il consiste, en particulier, à donner à l’enfant une famille où il aura le maximum de chances de se construire au mieux.
 
13 L’adoption au nom des enfants attendant d’être adoptés ?

Ce que l’on entend :
« Plusieurs milliers d’enfants sont en attente d’adoption et mieux vaut pour eux être adoptés par un couple homosexuel que de rester dans un orphelinat. »

Ce que l’on oublie souvent de dire :
L’enfant adopté a, plus qu’un autre, besoin d’un père et d’une mère.
L’abandon est vécu par l’enfant comme une déchirure très profonde. L’enfant abandonné cherche ses repères et aspire à retrouver ce qu’il a perdu. Au plus profond de lui-même, viscéralement, il désire se replacer au plus près de la cellule de base qui lui adonné la vie : un père et une mère.
L’enfant adopté doit assumer les traumatismes simultanés de l’abandon et de la double identité familiale.
Plus qu’un autre, il a besoin d’une filiation biologique évidente. Car, plus qu’un autre, il ne se croit pas découler du fruit de l’amour. Il n’a pas été désiré, il n’a les yeux de personne et il ne se reconnaît en personne dans sa famille d’accueil. Il est fréquent que l’enfant adopté rejette l’un des deux sexes.
Il importe donc qu’il puisse s’identifier à deux parents de sexes différents : à sa mère, car il a besoin de se réconcilier avec la femme ; à son père pour connaître la présence d’un homme sans qui sa mère n’aurait pu avoir d’enfant. De ce fait, l’adoption par un couple homosexuel risque d’aggraver le traumatisme de l’enfant abandonné car la chaîne de filiation serait doublement rompue : dans la réalité du fait de son abandon, dans la symbolique du fait de l’homosexualité de ses parents adoptifs.
A un enfant déjà blessé par son passé, a-t-on le droit d’imposer de s’adapter à la situation affective de ses parents, différente à la fois de celle de la très grande majorité des autres enfants et de celle qu’il aspire à retrouver ?
Incombe-t-il à l’enfant adopté de s’adapter aux choix de vie affective de ses parents ? L’adoption est là pour donner une famille à un enfant, et non l’inverse.
L’adoption est destinée à réparer une situation de détresse pour l’enfant. Il est donc indispensable de bien discerner la démarche de chaque couple qui dépose une demande d’adoption : est-ce que l’enfant est adopté pour lui-même ou pour satisfaire un besoin du couple ? Est-ce que le couple veut remédier à la situation de détresse de l’enfant ou est-ce qu’il désire remédier à sa situation douloureuse de ne pas pouvoir avoir d’enfant ? Bien entendu, un couple n’adopte pas d’enfant s’il n’en ressent pas le besoin. Cependant, il faut veiller à ce que l’intérêt de l’enfant soit premier, comme le résume notre droit de la famille : tout enfant a droit à une famille, au premier rang la sienne, et à défaut celle qui a vocation à devenir la sienne par l’adoption, si tel est son intérêt. C’est pourquoi il est nécessaire de rappeler que désirer un enfant ne suffit pas pour adopter, et que les solutions compassionnelles et apparemment simples ne sont pas toujours de bonnes solutions : il est possible de causer beaucoup de blessures au nom du bien.

P.S. : Publication de ces deux paragraphes à la demande de l’association « Réagissons ! » L’intervention du grand rabbin de France est visible dans son intégralité sur le site web de Gilles Bernheim.

 

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