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Performance au barreau de Saint-Pierre: Deux relaxes en moins d’une heure pour Me Isse

Correctionnelle Sud – Jeudi 21 avril 2016

Ecrit par Jules Bénard – le jeudi 21 avril 2016 à 14H37
Le barreau du Sud serait-il un vivier de grosses pointures ? La performance de Me Isse, ce matin, se pose un peu là.

Allure modérée, guère affecté de gigantisme, faciès de bon père de famille, il est le même à la barre qu’à la ville : se faire entendre sans jouer du décibel. Asséner les arguments avec une tranquille assurance, celle qui, disait Hugo, « démolit les barricades ».

Un petit bonhomme sans histoire

Dans la première affaire, il y avait un petit bonhomme de 66 ans, Ary L., l’air encore plus peinard que lui-même, c’est dire.

Ce petit monsieur, 1m60 bien pesé, tranquille mais volubile, était accusé de rien moins que menaces de mort avec arme et détention d’arme. Ça, déjà, ça vaut ses 5 ans de cabane.

Explication : Ary a mené une vie sans histoire et son CV affiche zéro au compteur. Il a élevé sans problème ses trois premiers enfants, tous « placés » comme on dit. Mais n’en finit plus de se tresser et détresser les cheveux (fournis à l’époque, dit-on) qui ne se dressent plus sur son crâne… avec la petite dernière, 13 ans. On imagine le conflit de générations.

La jeune fille fugue souvent, au grand dam de sa mère chez qui elle vit. Lorsque ça va mal, à qui téléphone-t-on ? Oui, à Ary. Qui, en bon papa, intervient comme il peut. Que feriez-vous à sa place ? Et moi, au fait… ? Quelles que soient les divergences entre vous et votre enfant… cet enfant reste votre enfant ! Et vos soucis encore plus.

« Fais pas chier à moin ! »

Ce jour-là, 5 décembre 2015 à 17 heures, au Tampon, Ary apprend que sa fille, 13 ans, rappelons-le, est chez un « copain » de 17 ans.

Coups de téléphone, re-coups de téléphone… En vain sinon une réponse du jeune en question :
« Fais pas chier à moin. Viens bataille si ou lé capab ! »

Il se trouve que l’ami Ary possède deux vieux pistolets d’alarme, d’une totale innocuité mais dont l’aspect impose le respect. Notre papy s’en va donc à la recherche de sa redoutable progéniture et, sur place, se fait cabosser sa carrosserie par l’amoureux vitupérant et cognant. Il sort son faux Beretta-92 et par la portière de sa voiture, fait mine de tirer en l’air.

« Mais pourquoi avoir emporté ce pistolet ? » s’enquiert la présidente Valérie Dinot, qui ne laisse jamais rien en suspens.« Parce que moin lavé peur. Lu lé grand, lé costaud… C’était po fé peur à lu. D’ailleurs, lu la mette coups de pieds dans mon l’auto ! »

La majorité sexuelle à 14 ans ?

Voilà, braves gens et bonnes d’enfants, l’affaire se limite à ça.

Mais il n’empêche que pour « ça », Ary était poursuivi pour « menaces de mort et détention non autorisée d’armes de catégorie B » ! « On se gondole », ricanait Marco Polo !

Le substitut Genet reconnaît « le désarroi du prévenu ». Mais il y eut port d’arme. Casier judiciaire vierge… il réclame 1000 euros d’amende dont 700 avec sursis.

Me Isse ne va pas se contenter de ce coup de pouce de l’accusation. Sagement cantonné dans le banc des avocats, avec une tranquillité forçant le respect, il va calmement asséner ses arguments avec l’obstination d’un bousier poussant sa meule.

Arguant d’un « décalage générationnel évident », l’avocat annonce (merci pour nous, cher Maître) que le PS a un projet visant à abaisser la majorité sexuelle à 14 ans. Oups !

« Le Grobêta-92 »

Pourquoi « oups » ? Parce que la généralisation est toujours nocive mais on en parlera une autre fois.

Me Isse a insisté sur le fait que le « jeune » amoureux de la fille était connu (bien connu) des services de police, qu’il avait manqué de respect au papa, que le jeune couple squattait un endroit abominable, ce que n’importe quel papa digne de ce nom peut comprendre.

Pour faire bon poids, il a « causé flingue », domaine que je connais. C’est un pistolet d’alarme, imitation parfaite du Beretta-92 9m/m : « Le Grobêta-92, cadeau aux gendarmes qui ont réussi le concours d’orthographe »  (Greg, Achille Talon).

Me Isse s’attacha à démontrer par A + B, rapports de gendarmerie à l’appui, que cette imitation ne pouvait en aucun cas être considérée comme une arme. Qu’on pouvait acheter sans déclaration préalable. Et qui est, selon les gendarmes eux-mêmes, « un excellent produit de défense par son aspect dissuasif » .

Me Isse a fini par une note d’humour égratignant le substitut, qui a eu le bon goût d’en sourire, comme quoi « l’accusation ne tient pas la route ». Et de réclamer purement et simplement la relaxe.

Ce que le tribunal lui a accordé sans coup (de flingue) férir.

—–
 
Dans la seconde affaire qu’eut à plaider ce matin Me Isse, il s’agit de deux escrocs de charme, Isabelle Punjot et Sandy Servant. Toutes deux avec un casier judiciaire inspirant le respect.

En décembre 2010, à Saint-Joseph, elles auraient extorqué des sommes comprises entre 150 et 800 euros à des naïfs.

Ces deux accusées ont un casier judiciaire plus long que la barbe de Moïse.

Me Isee, une fois de plus, a eu raison des accusations : « Où sont les témoins ? Où sont les preuves ? » Et obtenu gain de cause.

 

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