Le dispositif de Victorin Lurel donne une échéance de 20 ans afin d’atteindre l’égalité réelle. Paul Vergès y voit une volonté de créer « un esprit d’assistance ». « On nous demande de remercier le gouvernement pourquoi ? Pour son retard ? Personne ne proteste contre cette reconnaissance officielle de non-application des lois sociales à la Réunion » déclare-t-il.
L’égalité réelle, un pari impossible
Le Sénateur estime également que cette égalité réelle est un « pari impossible » sur le plan économique. Tout simplement car l’état de la société n’est pas le même entre la métropole et la Réunion. Avec un taux de chômage qui représente le triple de la métropole et plus particulièrement celui des jeunes, la grande pauvreté l’illettrisme, Paul Vergès doute fortement que ce retard soit rattrapable en 25 ans. « Comment les hommes et femmes politiques font des rapports publics, se félicitant de la situation ? Tous les chiffres montrent que ce n’est pas possible. »
« La suprématie des surrémunérés représente 80% du PIB de la Réunion »
Paul Vergès aborde ensuite un autre aspect du projet de loi, les inégalités internes. Pour lui, la surrémunération des fonctionnaires, ou « supplément colonial » est « à la base de l’inégalité réelle à la Réunion. » Pour lui, cette surrémunération mène à l’affaiblissement du capital Réunionnais et au règne des monopoles. « À partir des erreurs commises il y a 70 ans, nous sommes devant une crise. La suprématie des surrémunérés représente 80% du PIB de la Réunion » déplore-t-il.
Autre ombre au tableau, la transition démographique, qui n’est pas terminée dans notre département, remettant en cause les objectifs de 2025. « Dans 15 ans, la Réunion devrait compter 150.000 habitants de plus. Est ce que ce paramètre a été pris en compte ? » s’interroge-t-il.
Pour Paul Vergès, la solution consisterait à étaler la suppression de la surrémunération sur une génération. « Cela représente un manque à gagner pour l’état de 400 millions d’euros. Bien sûr qu’ils sont tentés de supprimer la surrémunération rapidement. Mais il faudrait en fait réinvestir cet argent pour le développement global de la Réunion. »
Le Sénateur, qui déplore « avoir un débat solitaire sur le sujet à la Réunion » et la « sourde oreille des politiques » conclut en affirmant qu’il tiendra le même discours lors de la proposition du projet de loi devant le Sénat.