Le Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CREFOM), n’a pas tardé à dégainer [après la réponse de l’Université de Nantes]urlblank:http://www.zinfos974.com/Remplacement-de-Sudel-Fuma-L-Universite-de-Nantes-repond-au-CREFOM_a101527.html sur [le remplacement de Sudel Fuma à l’Université de La Réunion]urlblank:http://www.zinfos974.com/Une-Nantaise-pour-remplacer-Sudel-Fuma-Insulte-et-provocation-CREFOM_a101169.html . Profitant de la présence dans notre département de son président, Patrick Karam, le collectif de défense des domiens rappelle qu’il n’est pas dans « un combat identitaire », mais dénonce le « recrutement sur commande » de la candidate métropolitaine, Virginie Chaillou-Atrous.
Pour Patrick Karam, le procès fait au CREFOM est « scandaleux », car le collectif se bat avant tout « pour plus de justice et d’égalité ». « Avoir de hauts fonctionnaires métropolitains dans tous les Outre-mer est également souhaitable, car ce sont les premiers défenseurs des Outre-mer à leur retour en métropole. (…) En revanche, ajoute-t-il, nous avons un véritable problème avec un certain nombre de nominations », comme celle de Virginie Chaillou-Atrous.
Le président du CREFOM rappelle que cette dernière, docteur en histoire contemporaine et post-doctorante du Labex EHNE Univ de Nantes, a été choisie par le comité de sélection « alors qu’elle ne possède qu’une thèse », contrairement au candidat réunionnais, Albert Jauze, « plus qualifié » car docteur en histoire moderne, titulaire du CAPES et d’une agrégation en histoire-géographie.
« Une incompréhension » note le patron du CREFOM qui déplore là une énième « absurdité qu’on ne voit qu’à La Réunion ». « Dans cette affaire-là, qu’est-ce qui se passe ? Nous avions un candidat réunionnais qui avait une thèse, le CAPES et l’agrégation et face à lui, une candidate soutenue par l’Université de Nantes et qui n’avait qu’une thèse. Partout en France, le candidat le plus expérimenté aurait été automatiquement nommé, c’est la règle. Sauf à La Réunion semble-t-il. On a choisi une candidate moins capée qu’un candidat réunionnais et on a l’impression que ce dernier a été éliminé parce qu’il était Réunionnais ».
« Les Réunionnais, même lorsqu’ils sont les plus compétents, sont systématiquement écartés parce qu’ils sont Réunionnais »
La sélection de la candidate métropolitaine par le conseil d’administration de l’Université de La Réunion a été émaillée d’une série de dysfonctionnements poursuit Patrick Karam. « Nous avons un CA finissant alors qu’il a déjà été remplacé, qui se précipite pour nommer une candidature, pour laquelle il y a eu de l’ingérence de la part des universitaires nantais, mais aussi du président de l’Université de La Réunion. Est-ce qu’il est normal que ces ingérences extérieures puissent peser sur des choix ? », s’emporte le président du CREFOM.
Des ingérences confirmées par les historiens de l’Université de La Réunion. Dans une lettre envoyée le 20 mai dernier au Recteur, ils affirment que le comité de sélection en charge du recrutement du successeur de Sudel Fuma « a été marqué par des faits traduisant des irrégularités notables, voire l’expression d’un signe de partialité dans la procédure de recrutement ». Ils ajoutent que « l’étude des candidats a été organisée de la même manière sauf pour un candidat » et que « ce simple fait illustre déjà une rupture d’égalité dans l’examen des dossiers ».
Président de ce comité de sélection, l’historien Prosper Eve dit même avoir subi « toutes sortes de pressions de la part d’un membre du comité de l’Université de Nantes ». Des pressions – venues de l’extérieur quand elles ne venaient pas directement du président de l’Université de La Réunion – qui ne lui ont pas permis « de mener à son terme le travail du comité de sélection en 2015 », entre « mauvaise volonté des membres extérieurs (…) multipliant les réserves les empêchant soi-disant de siéger pendant les vacances de Pâques (…) jury de concours, des soutenances, des colloques » ou encore politique de la chaise vide de ces même membres « ayant compris qu’ils ne pourraient pas placer leur candidat ».
Autre élément grave pour le CREFOM et les historiens de l’Université de La Réunion, le non-respect des textes concernant les Comités de sélection, qui insistent sur l’obligation d’un quorum avec au moins quatre membres physiquement présents dans l’université qui recrute. Un quorum « qui n’a pas été respecté ». « Il n’est donc pas exclu qu’un recours administratif vienne encore une fois entacher l’image d’une université qui se passerait bien d’une nouvelle vague de mauvaise publicité « , écrit le collectif dans un communiqué.
Pour Patrick Karam, cette affaire est symptomatique d’un processus « qui fait que les Réunionnais, même lorsqu’ils sont les plus compétents, sont systématiquement écartés parce qu’ils sont Réunionnais ».
« C’est cette pratique des réseaux que nous dénonçons »
Il ajoute que la polémique autour du remplacement de Sudel Fuma « ne porte pas sur le choix entre un métropolitain ou un Réunionnais », mais sur « la mise à l’écart d’un Réunionnais qui normalement partout ailleurs aurait été nommé en raison de ses titres mais pas à La Réunion ».
Un recours va être déposé par le CREFOM, qui qualifie cette affaire de « politique ». « Un recours sera fait et le CREFOM l’appuiera », assure-t-il. « C’est la question de l’accès aux postes des ultramarins quand ils sont compétents. La règle qui consiste à dire à compétence égale, priorité pour un ultramarin, c’est même pas celle là qui a cours. Aujourd’hui, à compétence supérieure, les ultramarins n’ont pas accès aux postes d’encadrement. C’est cette pratique des réseaux que nous dénonçons ».
« Ces méthodes du 19ème siècle, ces méthodes d’un système qui est déjà dépassé, ces méthodes là nous ne pouvons plus les accepter quand il s’agit des Outre-mer. il ne peut pas y avoir deux systèmes : un qui vaut pour l’Hexagone et un pour les Outre-mer. Nous voulons qu’à un niveau de compétence supérieur, un Réunionnais soit choisi », conclut Patrick Karam.