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« On incite la jeunesse à faire des enfants pour avoir un logement »

L'Association Départementale contre l’Exclusion et la Précarité (ADEP) prenait place ce mercredi à la Saline-les-Hauts dans son nouveau QG associatif. L'occasion pour son président, Jean-François Fromens, entouré d'une dizaine d'adhérents, de vider son sac sur l'actualité récente mais aussi sur le fléau du mal-logement à la Réunion. Un parler sans détour, c'est ce qui fait la patte de cet ancien militant PCR. Interview.

Ecrit par LG – le jeudi 21 novembre 2013 à 07H40

Vous souhaitiez fortement inciter la mairie de Saint-Paul à installer un centre d’hébergement  ?
Je souhaiterais que sur une commune comme Saint-Paul, sa population puisse bénéficier d’un centre d’hébergement. car aujourd’hui on est obligé d’envoyer les gens sur Saint-Leu, temporairement, ou a Saint-André, un autre centre qui est déjà saturé.

Les critères d’attribution d’un logement font la part belle aux familles ou femmes seules avec un ou plusieurs enfants. C’est ce que vous dites. Ce protocole entretient-il un cercle vicieux selon vous ?
Appelons un chat un chat. Quand on va chez un bailleur, qu’on est jeune et que l’on veut avoir une maison, le bailleur demande à ce jeune une première chose : « est-ce que vous avez des enfants ? » Donc, d’une certaine manière on incite la jeunesse à faire des enfants pour avoir une maison et ce malgré le fait que les jeunes soient parfois en mesure de payer le loyer. Au lieu de ça, on leur dit qu’ils ne sont pas prioritaires. Ca revient à leur dire : « faites des enfants d’abord ». Je trouve ça inconcevable alors même que l’on parle d’explosion de la démographie… Deuxièmement, il faut qu’on arrête aussi d’attribuer des logements dans tel ou tel quartier à des gens venus d’autres quartiers, que ça soit des Mahorais ou des personnes d’ailleurs car un jour ça va péter. Le créole est en train de se réveiller, ce n’est pas qu’il soit raciste. On l’incite à montrer du doigt son prochain. Ces propos je les entends chaque jour sur le terrain.

Vous souriez quand vous parlez d’attribution de logements à la tête car vous dites l’avoir vécu lorsque vous travailliez dans une mairie de l’Ouest ?
On sait comment ça se passe. J’ai travaillé moi-même dans le service logement de la mairie du Port. Je sais comment se passent les choses. Et je ne parle pas que de cette ville, c’est dans toutes les mairies. Les services administratifs présentaient la liste des demandeurs aux élus. Ils se renseignaient sur untel ou untel et ils barraient les noms des familles dont on savait qu’elles ne votaient pas pour le maire en place. Voilà pourquoi j’ai toujours milité pour que ce soit l’Etat qui prenne en main l’attribution des logements.

Les élections sont là. Ca sera de nouveau le cirque ?
Les élections approchent. Vous allez voir, là on va ouvrir les vannes pour le logement, on va ouvrir les vannes pour les ti’contrats. Ce seront les promesses des élus à tout va. Je n’en cite pas un en particulier. On passe chez les gens : « t’inquiète pas t’auras un logement, t’inquiète pas t’auras un contrat ». Aujourd’hui déjà on embauche à tire-larigot au Conseil général ou ailleurs pour pouvoir être élu en 2014. Il faut que l’Etat se réveille. J’ai déjà dénoncé, preuves à l’appui, des personnes qui sont pourtant fonctionnaires, qui sont chefs d’entreprise, et qui bénéficient d’un logement social. Comment se sont passées les commissions d’attribution ? Et ce genre de cas, c’est au vu et au su de tout le monde mais tout le monde ferme les yeux. Je trouve ça dommage.

 

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