Les derniers remparts moraux et sociaux ont fichu le camp et on ne voit pas bien d’où pourrait venir le sursaut. Deux événements tragiques, ces derniers jours, m’amènent à cette lamentable conclusion.
Il y a ce bébé, assassiné par ses parents à Saint-Louis. Voici quelques semaines, il avait déjà été conduit aux Urgences pour un bras cassé. Vous vous rendez compte ? Casser le bras d’un bébé… Une « correction un peu appuyée », comme d’hab’ ? Tu parles ! Il y a deux jours, les pompiers le ramènent aux Urgences, en état de coma. Il est décédé hier et, ô stupeur ! les médecins constatent qu’il a été étranglé au moyen d’une corde. Les voisins n’ont rien vu venir : « Té in bon momon ça ! »
Serrer une corde, que ce soit autour du cou d’un adulte, ou d’un bébé, n’’est pas un geste fortuit.
Le second fait est ce cambriolage hors norme à Guillaume. Un brave homme qui rentre chez lui vers 14 heures et tombe nez à nez avec trois cambrioleurs. Ces derniers font feu, atteignant leur victime par deux fois. Conclusion : plus personne n’est en sécurité nulle part à quelqu’heure que ce soit.
On pourra gloser à l’infini sur les responsabilités : l’éducation ? l’enseignement ? la société permissive ? la télé spectacle ? les jeux vidéo ? le chômage, désespérant ? Dans les deux cas que je viens de citer, aucune de ces explications n’est de mise.
Et surtout, comment revenir à une société plus vivable ? En poussant les victimes à se protéger elles-mêmes ? En flinguant les malfaiteurs ? En construisant un bagne aux Kerguélen ?
Faut-il aller vivre chez les Inuits qui, on le sait, ignorent la violence sociale ? Faut-il squatter Chesterfield, île française inhabitée au nord-est de l’Australie ? Faut-il se balader avec un Colt, comme au Far-West ? On n’a tout de même pas bâti une soi-disant civilisation pour en arriver à ça ?
Jules Bénard