Plus de 11 millions d’euros de dégâts
Au point que le président de la cour d’appel interrompe à un moment ces déclarations de bonnes intentions en s’exclamant: « On ne peut pas dire de quelqu’un qui fout le feu et qui va les éteindre après que c’est un bon pompier tout de même! ». Le collègue en question reste tétanisé face à une telle réaction mais ne change pas de cap. L’avocat du SDIS souligne que les faits commis ont coûté plus de 11 millions d’euros de dégâts: « Peut-on vraiment l’appeler un pompier après ça? ».
Un déshonneur pour la profession
Un seul de ses collègues évoque un « choc profond et une blessure, il y a eu une cassure dans la confiance que je lui portais. C’est un déshonneur pour la profession ». Pour le reste d’entre eux, un simple « heureusement qu’il n’y a pas eu de morts » suffira, merci.
Sa famille fait également preuve d’un dévouement à toute épreuve. Sa femme notamment qui affirme « pour moi, c’est un autre homme. La tenue de pompier, il ne l’a plus. J’ai confiance en l’avenir et nous, on sera là pour lui ». Sa soeur explique avoir ressenti de la colère face à un tel gâchis et espère « pouvoir l’aider à se relever ».
Il entretenait sa volonté de ne pas être confronté à la terrible réalité
Du côté des expertises psychiatriques, les deux rapports s’accordent sur le terme de pyromanie. Patrice Nirlo affirme ne pas avoir agi par appât du gain. A l’époque il gagnait bien sa vie. La première analyse fait état d’une « structure perverse bien ancrée qui consiste à se faire plaisir en commettant un acte majeur sans anticiper la gravité de ses actes ». Quant au refoulement dont il faisait preuve afin de garder son masque de père de famille, l’expert souligne qu’il « entretenait sa volonté de ne pas être confronté à la terrible réalité ».
Nirlo incarne son identité de pompier au point de la créer
« La déviance perverse pyromaniaque aura eu raison de la vocation de Monsieur Nirlo, sa carrière, elle est terminée » conclut l’expert du premier rapport. La contre-expertise menée par le Docteur Coutanceau rejoint l’analyse de la pyromanie. « C’est le cas classique du pompier pyromane. Même si il y a une motivation à faire du feu, elle n’est dirigée que par l’action valorisante qu’elle entraîne. » Dans une logique de metteur en scène, Nirlo incarne son identité de pompier au point de la créer.
Le docteur Coutanceau estime tout de même que le risque de récidive ne serait a priori pas une menace. « Chez ce type de personnalités, la mécanique se poursuit tant qu’il ne se fait pas prendre. Le cerveau s’habitue mais dès qu’il est démasqué, les choses ne se répètent pas ».
Demain, pour la dernière journée de procès, les réquisitions vont tomber. Le verdict sera rendu après les plaidoiries de la multitude d’avocats présents dans ce dossier.