« 200 euros pour tous et baisse de 20% des prix, c’est la base minimale », s’exclame Philippe Azéma, porte parole du NPAR (Nouveau Parti Anticapitaliste Réunionnais).
« Les gens ne vivent plus, mais survivent. On marche sur la tête sur cette île. Comment peut-on prétendre vivre dans un pays développé alors qu’aujourd’hui la population survit et que le gouvernement préfère sauver les entreprises plutôt que les gens? »
Philippe Azéma s’afflige devant les chiffres de la balance commerciale largement déficitaire. « Avec 4 milliards d’importation et 271 millions d’exportations, on est le seul territoire qui fonctionne comme ça dans le monde! Ce déséquilibre est inacceptable. Beaucoup de questions restent en suspend devant une importante main-d’œuvre inemployés sur l’île. Nous n’avons aucun tissu industriel digne de ce nom. Nous avons 150.000 chômeurs et on est même pas foutu de fabriquer une cuillère ».
« Les analogies de la Réunion avec les Antilles sont nombreuses : mal développement, chômage et déséquilibre structurel de la société. Cela suscite des mouvements du même ordre. Les déséquilibres structurels en terme économique sont hérités de la période coloniale, mais aussi de notre situation insulaire, problèmes qui n’ont jamais été résolus et qui sont à l’origine des crises sociales permanentes dans lesquelles on vit. Ce n’est pas normal que quelqu’un qui touche le SMIC aujourd’hui ne puisse pas avoir de logement social vu qu’il n’y en a pas. La personne devra donner les trois quarts de son salaire pour le loyer, et si en plus elle a deux enfants, c’est de la survie ».
Lors de la mobilisation du « Collectif pour l’amélioration des conditions de vie des Réunionnais » samedi dernier, certaines observations ont sidéré les participants. « On fait venir en ce moment des carottes d’Australie. Est ce que ça veut dire que nos agriculteurs ne sont pas capables de produire des carottes? Ce genre d’agissement est révélateur d’un profond déséquilibre. Après, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait 52% de la population qui soit bénéficiaire du CMU et des dizaines de milliers de RMIstes. Cette situation est inacceptable et perdure depuis un quart de siècle ».
D’ailleurs les pistes en matière de développement ne seraient pas les bonnes. « La politique qui est menée à la Réunion depuis 25 ans, à savoir la destitualisation, les exonérations, les défiscalisations et la zone franche ne favorisent pas le développement économique de la Réunion. Il faut faire radicalement autre chose. Si on veut remettre la Réunion sur les rails du développement et avoir une économie à peu près saine, il faut développer massivement l’emploi industriel, sans quoi l’île va continuer à vivre d’emplois précaires, et continuera aussi à faire semblant d’avoir une économie en expansion, ce qui est totalement faux. Si on veut développer l’économie dans ce pays, il faut injecter de l’emploi de manière massive, et non pas des emplois précaires ou des CUI (Contrat Unique d’Insertion). Alors rendez-vous à la grande mobilisation du 5 mars ».