Monique Orphé: Réponse à l’article de Pierrot Dupuy
La député Monique Orphé a adressé à la rédaction de Zinfos un droit de réponse suite à l’article paru sur le « Blog 2 Pierrot » hier [« Si lété un poisson, té fini gater » ]urlblank:http://www.zinfos974.com/Monique-Orphe-Si-lete-un-poisson-te-fini-gater_a64476.html : « J’aurai pu prendre mon téléphone pour répondre à votre « moucatage » (qui m’a fait pour une fois rigolé) mais le sujet est […]
Ecrit par zinfos974 – le jeudi 21 novembre 2013 à 15H18
La député Monique Orphé a adressé à la rédaction de Zinfos un droit de réponse suite à l’article paru sur le « Blog 2 Pierrot » hier [« Si lété un poisson, té fini gater » ]urlblank:http://www.zinfos974.com/Monique-Orphe-Si-lete-un-poisson-te-fini-gater_a64476.html :
« J’aurai pu prendre mon téléphone pour répondre à votre « moucatage » (qui m’a fait pour une fois rigolé) mais le sujet est trop grave et mérite donc quelques lignes.
Non, M. Dupuy, le sujet que j’ai voulu évoquer à savoir le racisme, les discriminations, la xénophobie est non pas un poisson mais plutôt un poison qui coule dans certaines veines. Ce qui a fait que l’apartheid a existé. Ce qui a fait que la Shoah a existé. Ce qui fait encore aujourd’hui que des peuples sont exterminés pour ce qu’ils sont ou ce qu’ils font. Des exterminations souvent silencieuses parfois au su des grandes démocraties. Un poison qui nous tuera lentement en France et dans le monde si nous ne trouvons pas le bon antidote pour l’arrêter.
J’ai pris certes le temps de ma réponse écrite. Mais il y a un vieux proverbe qui dit « mieux vaut tard que jamais ». J’ai eu l’occasion d’exprimer de vive voix mon soutien à la Garde des Sceaux à l’Assemblée Nationale dès le début de ces attaques, c’est là l’essentiel. Je souhaitais, à travers cette lettre (je pense que vous l’avez compris), non pas seulement apporter un soutien officiel à Mme Taubira mais poser le problème de façon plus globale. D’où ma question « à qui la faute si ce genre de dérapages existe ? ». Que faisons-nous, M. Dupuy, moi à ma place et vous à la vôtre et surtout en tant qu’organe de presse pour dénoncer ce climat délétère. Non pas seulement quand une ministre se fait insulter mais quand le citoyen lambda est attaqué du fait de sa couleur, de son appartenance à une communauté : « comores, mahorais, cafres, malbars, zarabes, zoreils etc » et j’en passe.
Oui, à La Réunion, nous vivons dans une société métissée mais qui n’est pas un rempart naturel au racisme. Le vivre-ensemble existe plus qu’ailleurs et nous avons une capacité de tolérance plus développée. Mais nous n’échappons pas à ces comportements déviants observés ici et là. Nous devons donc être davantage sensibilisés, plus solidaires sur ces sujets. Bien sûr que la crise économique, les problèmes sociaux favorisent les méfiances, les déviances et il faut les régler. Cela ne doit cependant pas servir d’alibis pour se lâcher. Et l’accès à la communication a encouragé cela. Les réseaux sociaux, certaines radios ont une part de responsabilité quand ils ne maîtrisent pas la parole. Combien de fois les femmes et hommes politiques se font insulter, sont victimes de propos racistes (j’en fais partie et j’ai eu l’occasion de vous le dire). Des commentaires racistes qui ont été certes effacés rapidement mais le mal était fait. Le combat de la haine raciale est un combat de tous les jours. Vous, médias, souvent désignés comme le 4ème pouvoir, avez une grande responsabilité. Celle d’ouvrir les esprits en provoquant les débats sur un sujet qui reste encore tabou. Lorsque j’ai été élue Députée, j’ai avoué que ma victoire était un combat sur les préjugés. Un combat qui est loin d’être gagné à voir les commentaires qui sont encore trop souvent sur les blogs et qui méritent d’être sanctionnés. Nous n’éradiquerons pas le racisme mais nous gagnerons un peu le combat en le marginalisant. Les appels à la haine, il faut donc les faire taire pour éviter que cette société libre, fraternelle, égalitaire et belle ne soit demain qu’un lointain passé. Je terminerai ma lettre en vous dédiant ces quelques paroles de Mandela lors de son procès à Rivonia en 1964 (l’année qui m’a vu naître) : « au cours de ma vie, je me suis entièrement consacré à la lutte du peuple africain. J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J’espère vivre assez longtemps pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ». Nous savons, tous, le prix que ce grand homme a payé pour atteindre son idéal.
MONIQUE ORPHE
DEPUTEE DE LA REUNION »