Cet après-midi, alors qu’il discutait avec les journalistes, à une centaine de mètres de la foule contenue derrière les grilles de la CCIR, il a entendu les cris de deux ou trois spectateurs qui l’apostrophaient : « Arrête cause ek journalistes. Viens cause ek nou« .
Ni une, ni deux, le leader des camionneurs entraine les journalistes derrière lui et se dirige vers la foule. « Il y a déjà 10 cts qui est mis maintenant par le Préfet. C’est 5 + 5. Il m’en manque encore 10 cts, et ces 10 cts il faut que j’aille les chercher à la Région. Il faut que je sors avec ces 10 cts. Le gâteau il est gros, aujourd’hui il faut que le gâteau il nous revienne à nous« …
Applaudissements nourris de la foule…
Joël Mongin s’éloigne d’un pas mais, comme les artistes au théâtre, il ne résiste pas aux rappels de son public et revient pour serrer une main qui se tend à travers la grille ou pour écouter un spectateur à la voix suffisamment forte pour couvrir les hurlements des autres.
Le meneur syndicaliste n’a plus qu’un filet de voix, mais c’est suffisant pour se faire entendre. D’autant que, quand il parle, tout le monde se tait religieusement pour l’écouter.
Un vieux journaliste glisse sur un ton ironique : « Dans le genre populiste, Camille Sudre a du souci à se faire. Il a trouvé cent fois plus fort que lui. Et Mongin lui, en plus, n’a même pas besoin de radio pour se faire entendre« …