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Mgr Aubry a confié en 2004 une paroisse à un « ami » pédophile condamné en métropole à 5 ans de prison

L'évêché de la Réunion va-t-il une nouvelle fois se retrouver dans la tourmente judiciaire ? La chose n'est pas certaine puisque les événements remontent à 10 ans, mais ils sont symptomatiques de la manière dont L'Eglise de la Réunion a pu traiter les affaires de pédophilie ou d'agressions sexuelles commises sur ses terres par des prêtres ces dernières années. On connaissait les pères Michel Tual (condamné le 22 janvier 2013 à 5 ans de prison), Jacky Hoarau (condamné le 27 avril 2012 à 8 ans de prison) ou encore Jean Naramoutou (condamné le 17 juillet 2012 à 1 an de prison avec sursis). Le curé de la Source, le père Jean-Marie Vincent, va également faire parler de lui. Le père Jean-Marie Vincent a été condamné à 5 ans de prison, dont 4 ans ferme, pour agressions sexuelles en 2000 par la cour d'appel de Nancy pour des faits commis en Italie et en Suisse, alors qu'il était directeur de la chorale de Bar-le-Duc. Sa condamnation est devenue définitive en 2001 après le rejet de son pourvoi en cassation. Il lui était notamment reproché des "séances de savonnage et d'essuyage sous la douche, avec caresses et massages jusqu'à l'entrejambe", selon le journal Libération de l'époque. L'arrêt de la cour de cassation évoquait quant à lui, de manière moins prosaïque, des "touchers rectaux". A peine sorti de prison en métropole, le père Jean-Marie Vincent débarque à la Réunion, pour y rejoindre son "ami de longue date" -c'est lui qui le qualifie ainsi- Gilbert Aubry qu'il a connu à l'armée en 1954 alors qu'il effectuait son service à la Réunion. Ce dernier va immédiatement lui confier l’aumônerie du CHD en 2003, puis la paroisse de la Source en mai 2004, alors même qu'il était sous le coup d'une interdiction d'exercer une activité professionnelle ou sociale en contact avec des mineurs pendant 5 ans.

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 07 février 2013 à 19H42

Le père Jean-Marie Vincent, 77 ans, curé de la paroisse de la Source est bien connu à la Réunion pour avoir sorti plusieurs CD où il était accompagné par des chorales d’adultes et d’enfants ou encore quelques personnalités locales. Son premier album « Terre de beauté, chemins d’éternité » a même été préfacé par Monseigneur Gilbert Aubry. Récemment, le père Jean-Marie Vincent a donné une série de concerts dans toute l’ile, notamment avec Monseigneur Aubry, à l’occasion de la sortie de son troisième album « Terre d’amour« … Interviewé par plusieurs médias locaux, le père Jean-Marie Vincent a toujours éludé les raisons qui l’ont poussé à venir s’installer à la Réunion.

On peut le comprendre quand on connait son passé ! Arrivé à la Réunion en 2003, le père Jean-Marie Vincent n’est pas inconnu de la justice puisqu’il avait été condamné en première instance, en juin 1999, à 4 ans de prison dont deux ans avec sursis pour agressions sexuelles sur des mineurs, commises entre 1996 et 1997 en Italie et en Suisse, alors qu’il dirigeait la chorale de Bar-le-Duc.

Une peine aggravée en appel en mars 2000 à 5 ans de prison, dont quatre ferme, par la Cour d’appel de Nancy. Dans sa condamnation, la Cour d’appel avait bien notifié au père Jean-Marie Vincent « l’interdiction pendant 5 ans de toute activité professionnelle ou sociale en contact avec des mineurs« . L’abbé avait déposé un pourvoi en cassation, rejeté le 17 janvier 2001. Incarcéré en avril 2001, il a effectué deux ans de prison avant de s’envoler vers la Réunion.

Les diocèses éloignent les curés impliqués dans des affaires de moeurs

 

Après son passage par la case prison, le Père Jean-Marie Vincent est venu à la Réunion se refaire une « virginité« . Il connait bien Monseigneur Aubry pour l’avoir rencontré en 1954 au moment où il effectuait son service militaire à la caserne Lambert de Saint-Denis et lui avoir appris à chanter.

Le père Jean-Marie Vincent a avancé comme raison à cette demande de changement auprès de l’évêque de Verdun, être « à bout de souffle » (propos recueillis dans un entretien accordé en août 2010 sur le site églisealareunion.org)… La réalité est tout autre. En règle générale, les diocèses éloignent les curés impliqués dans des affaires de moeurs, comme ce fut le cas pour le père Tual qui a précipitamment quitté la Bretagne, récemment jugé et condamné par le tribunal correctionnel de Saint-Denis à 5 ans de prison ferme pour avoir agressé des mineurs entre 1989 et 2009 à Bras-Panon. Il en est de même pour le père Jean-Marie Vincent envoyé à 10.000 km de Verdun.

 

Deux circulaires de nominations datées de 2003 et 2004

A peine arrivé, le père Jean-Marie Vincent se voit nommé dès le 13 mai 2003 par Monseigneur Gilbert Aubry « accompagnateur de l’équipe d’Aumônerie » du CHD de Bellepierre, selon la circulaire datée du 14 août 2003 (voir ci-dessus). Quelque temps plus tard, le 1er mai 2004, il se voit même confier la paroisse de la Source, comme l’atteste une autre circulaire datée du 12 mai 2004 (voir également ci-dessus). Cette dernière circulaire précise que « les conseils et animations en place continuent à fonctionner comme d’habitude« . Ce qui signifie concrètement que le père Jean-Marie Vincent avait pour tâche l’animation et la coordination, par exemple, des enfants de choeur et du catéchisme. Ce sont près d’une centaine d’enfants qui fréquentent les paroisses. On sait également qu’il s’est rapidement attaché à reprendre ses activités « artistiques » en animant des chorales d’adultes… et d’enfants. Alors même que l’interdiction d’exercer des activités professionnelles et sociales au contact de mineurs courrait jusqu’en 2006…

Et les langues commencent à se délier du côté de la Source. « Durant les deux ou trois ans suivant sa nomination à la Source, plusieurs paroissiens ont écrit à l’évêché pour soulever des problèmes et demander à rencontrer l’évêque, sans succès« , nous confie une source interne. Lequel ne manque pas de relever l’étonnement des personnes ayant eu accès au bureau du père Vincent, rempli entre autres de peluches… D’autres faits relatés font état d’un véritable malaise dans la paroisse.

 

Gilbert Aubry une nouvelle fois amené à rendre des comptes ?

Se pose alors la question du contrôle judiciaire à la Réunion. Comment les policiers et le juge, chargés du suivi de son contrôle judiciaire, ont-ils pu autoriser un prêtre condamné à des agressions sexuelles sur mineurs, sous le coup d’une interdiction, d’exercer en présence de ces derniers, à diriger une paroisse et assurer une mission à l’aumônerie du CHD ? Mystère.

Par exemple, en 2002, le prêtre François Lefort des Ylouzes n’avait pas respecté son contrôle judiciaire, et notamment l’obligation de ne pas exercer d’activités professionnelles ou sociales le mettant en relation avec des mineurs en métropole. Une situation dénoncée à l’époque par un des avocats de la partie civile, ce qui avait valu au prêtre une convocation chez un juge d’instruction du parquet de Nanterre.

Le père Jean-Marie Vincent pourra toujours arguer avoir « payé » ses erreurs passées et sa dette envers la société. Il savait cependant qu’il n’avait pas de droit de se retrouver en contact avec des mineurs pendant les trois premières années de sa vie réunionnaise. C’est sur ce point qu’il pourrait être amené à rendre des comptes, tout comme Mgr Aubry, à qui la justice pourrait demander officiellement s’il était ou non au courant de la condamnation de son « ami » le père Jean-Marie Vincent.

 

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