Files d’attentes de plus en plus longues, rendez-vous difficiles à obtenir ou avec de longs délais (allant jusqu’à parfois un an), le manque de spécialistes est de plus en plus flagrant et contraignant. D’ici 2010, 50% des spécialistes auront 60 ans et plus, « ce qui veut dire que dans cinq ans, il faudra avoir renouvelé la moitié des spécialistes déjà en place » explique le Dr Laurent Grandpré, vice-président de l’URMLR.
« Vers une dégradation de l’offre de soin à La Réunion »
Les médecins libéraux assurent que la situation est très alarmante et deviendra catastrophique si des mesures ne sont pas prises très rapidement pour pallier à la pénurie de spécialistes, qui à terme aboutira à une médecine à deux vitesses. « On va dans le mur de l’offre libérale » assure Philippe de Chazournes, secrétaire régional de l’URMLR. En effet 45% de la population réunionnaise bénéficie de la CMU et les tarifs des actes médicaux techniques et chirurgicaux sont alignés sur le coefficient national, sans tenir compte de l’éloignement géographique et des coûts que cela engendre. Pour Philippe de Chazournes : « Nous allons progressivement vers une dégradation de l’offre de soin à La Réunion ».
L’indexation géographique
L’indexation géographique, c’est-à-dire une revalorisation de l’acte technique médical et chirurgicale de 20%, est nécessaire pour attirer les spécialistes, très peu nombreux sur l’île. Les pouvoirs publics admettent que pour pallier à la « sous-densité des spécialistes », il faut « revaloriser » l’acte technique. « Roselyne Bachelot lors de sa visite en 2006 nous a répondu qu’il faut le faire », mais rien n’a été fait depuis. « On nous a fait comprendre que pour obtenir quelque chose, il faut manifester et descendre dans les rues ». Mais avec seulement 350 spécialistes concernés, difficile de faire pression. « Notre seul moyen de pression est la presse » avoue le vice-président de l’URMLR.
90% des médecins s’orientent vers la fonction publique
La Réunion compte 4,5 spécialistes en moyenne pour 10.000 habitants, contre quasiment le double en métropole, qui se considère déjà dans une situation critique. « Seulement 10% des médecins vont vers le libéral » regrette le Dr Daniel Jatob, médecin généraliste, président du conseil régional de l’Ordre et président du SMI (Syndicat des médecins indépendants). Il redoute la fin du système de santé actuel qui protège les plus démunis et montre du doigt un système en pleine mutation et qui se dégrade. « Les médecins qui sortent de la Fac s’orientent vers une médecine salariée ». Selon lui, l’État pallie à la pénurie des médecins dans le libéral par des validations de diplômes dit étrangers, « qui n’ont pas la qualité de notre formation ».
Une zone franche d’activité pour la santé
Si la santé est toujours une priorité pour le gouvernement, ce que l’URMLR met en doute, la solution idéale serait de mettre en place une zone franche d’activité pour la santé, ce qui à long terme devrait offrir une médecine plus égalitaire aux ultra-marins. « Si vous avez un cancer, il faudra bientôt avoir les moyens de prendre l’avion » mettent en garde les médecins libéraux.