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Mayotte : Les méthodes de la gendarmerie dans la chasse aux clandestins dénoncées

La lutte contre la clandestinité à Mayotte dérive dangereusement. Les gendarmes arrivent le matin très tôt ou pendant la nuit pour effectuer des contrôles d'identité dans les "Bangas", les "cases" mahoraises. L'objectif est de débusquer des clandestins comoriens en arrivant par surprise dans les habitations. Les témoignages se multiplient et les associations commencent à se mobiliser pour dénoncer les méthodes employées, surtout que dans les villages, la population commence à avoir peur des gendarmes qui se rendent coupables, selon les associations, de violations de domiciles.

Ecrit par Lilian Cornu – le mardi 22 février 2011 à 22H25

Pour lutter contre les clandestins à Mayotte, les associations de défense des droits de l’Homme accusent les gendarmes de ne plus hésiter à organiser des opérations nocturnes dans les villages. Ils cherchent des Comoriens en situation irrégulière et pénètrent dans les habitations mahoraises, les « Bangas », sans autorisation, parfois en défonçant les portes ou en les dégondant à l’aide « de gros coupe-boulons. »

Afin de surprendre d’éventuels clandestins, ils arrivent très tôt le matin et même en pleine nuit puisque certains affirment avoir été « visités » vers 3H00 du matin, le réveil est alors terrifiant.

Les témoignages se multiplient et certaines associations comme RESFIM (Réseau Education Sans Frontière Ile de Mayotte) nous ont communiqué cinq attestations de témoins, toutes plus accablantes les unes que les autres. Les photographies que nous publions sont celles effectuées par un Mahorais avec son téléphone portable. Il a suivi des gendarmes lors de l’une de leurs sorties. Malgré ses protestations, ils lui auraient répondu : « On connaît les lois, on fait ce qu’on veut ».

Des gaz lacrymogènes seraient utilisés pour débusquer les habitants de leur habitation

Certains témoignages vont même plus loin puisqu’il semblerait, d’après la radio locale « Kwezi FM » qu’une plainte aurait été déposée auprès du procureur après l’utilisation de lacrymogènes par les gendarmes pour obliger les habitants à sortir de leur habitation. Une enquête aurait été ouverte.

Les associations ont multiplié les actions pour dénoncer ces pratiques et notamment l’usage des lacrymogènes qui auraient également été utilisés pour faire sortir des femmes et des enfants, en pleurs, et les « récupérer dans la rue« .

 

Violation flagrante de domicile

Mayotte est un territoire français et parmi les droits fondamentaux dont jouit tout citoyen français, figure la protection du domicile : le domicile est inviolable.

L’article 59 du Code de procédure pénale interdit d’ailleurs à tout fonctionnaire souhaitant effectuer une perquisition ou une visite à domicile « de se présenter après 21 heures et avant 6 heures du matin », sauf dans des conditions spécifiques et sur commission rogatoire d’un juge d’instruction, ce qui n’est manifestement pas le cas ici.

Manifestations aujourd’hui « en mémoire aux milliers de victimes en mer »

La lutte contre les clandestins est un sujet très polémique à Mayotte puisque énormément de Comoriens tentent de traverser la mer pour rejoindre les côtes mahoraises. Aujourd’hui, un collectif d’associations dont Sud Education, le RESFIM, FSU et le Cimade Mayotte, appellent à la mobilisation à travers une manifestation « en mémoire aux milliers de victimes en mer ».

Les associations dénoncent « les pratiques des forces de l’ordre, la répression aveugle et surtout les milliers de personnes mortes noyés depuis 1995 (…) d’avoir voulu rejoindre une île forte en liens culturels, historiques et familiaux ».

C’est en mars 2011 que Mayotte doit officiellement devenir le 101ème département français. Il n’y a pas qu’en matière économique ou sociale qu’il y a un rattrapage à effectuer…

 

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