Marie-Thérèse de Châteauvieux, à l’état civil Marie-Thérèse d’Armand de Châteauvieux, et pour les Saint-Leusiens « Mamzelle », est la première femme à accéder aux fonctions de maire à La Réunion.
En 1965, candidate pour sa première élection, sur la liste conduite par le maire sortant, Henri Bègue, Marie-Thérèse de Châteauvieux se retrouve maire-adjointe, occupant le troisième rang au sein du conseil. Henri Bègue, peu désireux de poursuivre un second mandat à la direction de la commune, arguant de son état de santé, démissionne dans les mois qui suivent sa réélection et part pour la France. C’est « Mamzelle » qui est choisie pour lui succéder.
L’incapacité de ses colistiers au sein du conseil a participé pour beaucoup à l’élection de « Mamzelle » faisant d’elle la première femme à occuper les fonctions mairales dans l’Ile. Mais ce n’est pas uniquement un choix par défaut. « Mamzelle », qui a fait des études de comptable, a en effet une grande expérience de la gestion, gérant, d’abord avec son père, puis à son décès, seule, l’immense propriété familiale des de Châteauvieux, avec énergie, autorité et efficacité.
Sans doute a-t-on aussi pensé que bon sang ne saurait mentir. Plusieurs de ses aïeux avaient déjà en effet occupé les fonctions de maire à Saint-Leu. Le premier d’entre-eux est son arrière grand-père, le Marquis Joseph Antoine Sosthènes d’Armand de Châteauvieux. Ce descendant d’une famille de haute noblesse de Bourgogne, ruinée par la Révolution, ingénieur de métier, spécialisé dans l’industrie sucrière, est venu s’installer dans la colonie à la demande de Charles Desbassyns. L’ingénieur ne fera pas que seconder ce dernier. Il va aussi s’allier matrimonialement à cette puissante famille, occuper d’importantes fonctions politiques, à Saint-Leu, mais aussi au Conseil général qu’il présidera pendant des années, tout en veillant à développer ses propres affaires.
Maire, sans avoir conduit de liste en 1965, « Mamzelle » sera ensuite candidate à sa succession, avec succès, en 1971 et 1976, pour être battue aux élections de 1983, par le communiste, Mario Hoareau, celui là même qui avait été délogé de la commune par la fraude électorale, 25 ans plus tôt. « Mamzelle » ne siègera pas dans le nouveau conseil préférant démissionner.
Elle se retire alors de la politique, ne souhaitant pas renouveler son mandat de conseillère générale, dont on écrit partout à tort qu’elle était également la première femme à exercer une telle fonction.