Voilà un an que l’arrêté préfectoral de restriction des activités nautiques à La Réunion a été publié. Le texte, qui se présentait comme celui d’une « interdiction temporaire », a été prolongé sans discontinuer, faute de garantie de sécurité.
Le 4 juillet dernier, le préfet de la Réunion, Jean-Luc Marx, émettait un nouvel avis de vigilance à la pratique d’activités nautiques à la Réunion. Un énième message qui prend appui sur les données des stations d’écoute relevant les passages des requins marqués. Si les consignes de prudence sont majoritairement respectées, qui plus est en période hivernale, braver l’interdiction demeure l’exception. Mais associatifs et élus de la côte Ouest confirment que les sorties à l’eau n’ont en fait jamais réellement cessé.
Dans l’Ouest, les spots habituels restent fréquentés, certes beaucoup moins qu’avant. Loris Gasbarre, de l’association PRR, en fait rapidement le tour: « A l’Ermitage, quand les conditions sont bonnes, des surfeurs s’y rendent. A Roches noires, de bonne heure, ils sont une dizaine à se mettre à l’eau. A Trois Bassins n’en parlons pas, c’est là où il y a la plus forte affluence, jusqu’à 20 ou 30 usagers. Il m’est arrivé d’en voir quelques uns esseulés aux Aigrettes », raconte-t-il. Parmi ses connaissances, « quelques camarades ont eu des PV », confirme Loris Gasbarre avant de rappeler dans la foulée qu’il faut « faire preuve de la plus grande prudence malgré le fait que les surfeurs estiment que de bonnes conditions soient réunies. Il reste quand même cette présence… ».
Désormais en position d’élus, Patrick Florès à Saint-Paul et Christophe Mulquin pour la ville de Saint-Leu envoient sensiblement le même écho. « Malgré l’interdiction, ça continue. Ça ne devrait pas », déplore Patrick Florès. « J’en vois encore qui pratiquent au coucher de soleil. Je déconseille cela même si dans l’ensemble, je pense que les surfeurs sont plus méfiants qu’avant », constate le conseiller municipal.
Confiant sur l’aboutissement de solutions de protection du risque d’ici la fin de l’année, il s’inquiète de voir un autre drame intervenir dans cet intervalle. « Nos solutions de filets sont en cours d’instruction par les services juridiques de la mairie. Je ne maîtrise pas le temps administratif mais les autorisations d’occupation du domaine public (AOT) sont en cours, il reste quelques mois avant que ça n’aboutisse, ça serait dommage qu’un drame arrive d’ici là ».
Patrick Florès illustre son inquiétude par les « derniers relevés de la ligue de surf (sur les stations d’écoute) qui sont inquiétants ». Selon lui, même si l’interprétation doit être prise avec mesure, la pression de pêche des drumlines du côté de Saint-Paul explique peut-être les chiffres de présence plus prononcés à Trois-Bassins et Saint-Leu. A confirmer dans le temps.
« Ils prennent leur responsabilité »
Après Saint-Paul, Saint-Leu ne peut que constater une forme d’oubli face aux risques. « Bien sûr qu’il y a toujours des surfeurs qui y vont quand les conditions sont bonnes mais les conduites sont plus prudentes, les gens qui bravent l’interdiction font très attention. Maintenant, en se mettant à l’eau, ils prennent leurs responsabilités », se désengage Christophe Mulquin, conseiller municipal aux Activités nautiques et Mer de Saint-Leu. De son côté, il devait réceptionner ces derniers jours les conclusions de la phase 1 d’un bureau d’étude sur la sécurisation du surf à Saint-Leu.
Si la clémence des gendarmes a pu prévaloir dans les premiers jours suivants la publication de l’arrêté préfectoral limitant la pratique d’activités nautiques et de baignade, la dissuasion pécuniaire s’opère systématiquement désormais. La compagnie de Saint-Paul, dont le rayonnement d’action va de la Possession jusqu’à Saint-Leu, à l’exception du Port, ne privilégie aucun spot en particulier.
« Notre surveillance pour des relevés d’infraction se poursuit », confirme le commandant Lionel Héchard de la compagnie de gendarmerie de Saint-Paul. « Quand on constate des pratiques qui interviennent en dehors des conditions prévues dans l’arrêté préfectoral du 12 février 2014, on dresse des PV car tous les surfeurs ont désormais connaissance de l’arrêté », signale-t-il.
L’amende de 1ère classe qui attend les contrevenants est de l’ordre de 38 euros. Son application est fixée par l’officier du ministère public qui donne suite, ou pas, au PV dressé par les gendarmes. Aucune comptabilité particulière n’a été tenue dans ce registre depuis l’application du premier arrêté préfectoral de 2013.