Revenir à la rubrique : Social

Mal logement : Les enfants en 1ère ligne d’après la Fondation Abbé Pierre

La problématique du mal logement à la Réunion est des plus préoccupante avec une offre de logements sociaux en baisse depuis une dizaine d'années, alors que les demandes ne cessent de s'accroître. Pour son quinzième rapport annuel consacré au mal logement en France, la fondation Abbé Pierre a décidé d'orienter plus particulièrement ses travaux sur les conséquences de ce fléau sur le développement des enfants de 0 à 12 ans. La fondation a présenté ce matin au Cinépalmes de Sainte-Marie un état des lieux de la situation des enfants mal logés dans notre département devant un public de représentants du monde associatif, d'administratifs, d'élus, mais également de simples citoyens. Il est urgent d'agir.

Ecrit par Renaud Daron – le mardi 25 mai 2010 à 16H30

Selon une étude de l’IEDOM de novembre 2009, les deux tiers des ménages réunionnais pourraient prétendre à un logement social. Or, avec un parc locatif social de 53.778 logements au 1er janvier 2010, seuls 20% des ménages réunionnais bénéficient effectivement d’un logement décent à un prix abordable. Le mal logement à la Réunion concernerait selon la fondation Abbé Pierre entre 12 et 15% de la population (16 à 20.000 logements insalubres, SDF, hébergements dans des conditions peu satisfaisantes et situations de « surpeuplement accentué »). Toujours selon l’IEDOM, il serait en conséquence nécessaire de construire entre 10.000 et 11.000 logements par an à la Réunion jusqu’en 2015. Les personnes les plus concernées par le phénomène du mal logement étant les familles de taille modeste (ménage de trois personnes et moins) ; les personnes de moins de 35 ans -et donc les enfants- apparaissent également plus concernées par le problème que d’autres tranches d’âge.

Cette année, la fondation Abbé Pierre a décidé d’axer son 15ème rapport sur le mal logement en France (et donc dans notre département) sur la situation des enfants (de 0 à 12 ans) victimes directes du mal logement. Car il « impacte » très lourdement le développement des plus jeunes. A la Réunion, il est question de 20.000 enfants (sur un total de de 180 à 190.000) mal logés et donc en danger…

Les conséquences du mal logement sur l’enfant

D’une manière générale, il apparaît selon les travailleurs sociaux que le mal logement est un facteur aggravant des mauvaises relations familiales, notamment à cause de la promiscuité. Il existe également un lien certain entre cette promiscuité et les violences sexuelles que pourraient vivre femmes et enfants dans notre département. Car le phénomène de « surpeuplement accentué », qui concerne d’après une étude récente de l’AGORAH 36% de la population réunionnaise, favorise les comportements intrusifs, notamment à l’endroit des plus jeunes.

De plus, il existe une corrélation évidente entre ce mal logement des enfants et l’échec scolaire, qui atteint des proportions dramatiques sur notre île (16% des jeunes sortent du système scolaire sans aucune qualification, et un taux général d’illettrisme de 22%).

Le mal logement est aussi un facteur aggravant, voire déclenchant, de nombreuses maladies chez les plus jeunes. Car l’humidité et les moisissures qui l’accompagnent favorisent les affections pulmonaires, par exemple, et l’insalubrité de l’habitat peut être à l’origine d’accidents domestiques… Évidemment, l’on connaît les relations entre une santé dégradée et l’échec scolaire.

Les 6-12 ans particulièrement vulnérables

Une autre conséquence du mal logement est une moindre socialisation des enfants, notamment des 6-12 ans. Ces enfants ont tendance à se replier sur leur environnement immédiat, notamment sur un mode communautariste. D’où une méconnaissance particulièrement aiguë du monde qui les entoure et un sentiment d’écartèlement entre leur culture maternelle et la culture dominante. La promiscuité ne favorise pas non plus le développement moteur et intellectuel des plus jeunes, à un âge où ils doivent acquérir des repères spatiaux…

D’après la fondation Abbé Pierre, l’urgence prioritaire concerne les 6-12 ans. Il seraient entre 3.000 et 5.000 à vivre une situation de mal-logement et à connaître des difficultés scolaires importantes ainsi que des soucis de socialisation.

Avec un rythme moyen annuel de construction de logement social en chute depuis plusieurs années (2.500 logements par an entre 1995 et 1999 contre 1.170 entre 2005 et 2009), une crise économique et sociale plus que préoccupante, les pouvoirs publics se doivent de réagir au plus vite, pour les enfants et les autres populations concernées. Pointés du doigt par les associations, les très importantes lourdeurs administratives rencontrées par les ménages en demande de logements sociaux (l’attente des familles est une véritable « maltraitance » pour Reine Claude Amyclas, assistante sociale au GUT de Saint-Paul), l’insécurité dans laquelle se trouve les promoteurs sociaux en matière de loi de défiscalisation, la raréfaction du foncier…

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Les journalistes du Quotidien campent devant le tribunal

Une vingtaine de journalistes du Quotidien de La Réunion se sont installés devant le tribunal judiciaire de Saint-Denis. Une décision est attendue ce mercredi sur le sort du média placé en liquidation judiciaire depuis le 4 octobre.

Débrayage des préparateurs en pharmacie au CHOR

Une vingtaine de préparateurs en pharmacie hospitalière ont manifesté leur colère ce jeudi et ont pris part au mouvement de grogne nationale. Ils demandent notamment une révision des échelons et l’officialisation du diplôme d’État.

L’avenir du Quotidien de La Réunion entre les mains du tribunal de commerce

Alfred Chane-Pane et Henri Nijdam ont défendu leur projet respectif de reprise du Quotidien, mercredi après-midi à la barre du tribunal de commerce de Saint-Denis. Le premier a fait valoir le fait qu’il détenait une imprimerie ultra-moderne, tandis que le second a rehaussé son compte courant d’associés à 1,5 million d’euros. Le délibéré interviendra le 3 avril.