De l’inondation des bombardiers d’eau, les agents de l’ONF craignent déjà une autre inondation, plus naturelle cette fois. La saison des pluies approchant, la menace toute aussi importante d’érosion massive fait craindre le pire aux professionnels.
En 2010, à la suite de l’incendie, l’installation de fascines (voir la photo plus bas) avait été jugée comme « la » priorité. Ce dispositif sert tout simplement à retenir la terre qui n’est plus retenue par les racines d’arbres morts et d’un humus calciné qui ne joue plus son rôle de retenue des sédiments. Les fascines sont 100% naturelles. Elles sont constituées de branches d’arbustes brûlées entrecroisées en forme de terrasse. Objectif de cette tâche fastidieuse s’étendant sur 800 hectares en 2010 : éviter le lessivage d’un sol que rien ne retient d’aller se perdre en mer. Un petit tour sous les sous-bois calcinés suffit à constater l’état d’un sol réduit en poudre.
Avant même que la situation de crise ne soit levée au poste opérationnel de Petite-France, André Libeau, coordonateur à l’ONF, explique que la stratégie de 2010 devra être révisée dans les prochaines semaines, une fois que la phase d’extinction du feu sera garantie.
« L’année dernière, avec la surface conséquente incendiée, nous avions opté pour l’installation de fascines en priorité sur les pentes à plus de 15% d’inclinaison, ce qui laissait tout de même de grandes surfaces à traiter ». Il y a trois semaines encore, alors que nous évoquions [ici même]urlblank:http://www.zinfos974.com/ONF-Les-petites-mains-du-Maido-travaillent-dans-l-ombre-a-reconstruire-la-nature_a33047.html le premier anniversaire de l’incendie de 2010, des dizaines d’employés ONF avaient encore le dos courbé à créer les fameux dispositifs. Que dire désormais d’une superficie carbonisée trois fois plus importante ?
Après l’érosion, l’invasion redoutée de l’ajonc
André Libeau dévoile l’option que l’office sera amenée à prendre prochainement: « Nous serons contraints d’agir que sur les pentes à plus de 25% ». Un ciblage en forme de sacrifice aussi pour les autres parties qui auraient pu être traitées si seulement la surface brûlée n’avait pas atteint une si grande ampleur : 2.834 hectares.
Bien que le mois de janvier soit déjà dans les esprits, l’actualité commande. « Aujourd’hui, nous sommes encore 140 personnels (RSMA, RPIMA, associations Plan Ravine,…) sous notre commandement. De l’ONF, nous sommes 55 », complète Stéphane Hoarau, conducteur de travaux (secteur Ouest).
Outre l’installation des barrières anti-érosion, un oeil vigilant s’attardera sur la pousse de la peste végétale : l’ajonc d’europe. Les hommes de l’ONF en savent quelque chose. Les différentes expériences des incendies des hauts de l’Ouest ont prouvé que cette plante indésirable connaît un processus accéléré à cause de la chaleur des flammes. Comme un instinct de survie, l’ajonc libère ses graines plus rapidement sous l’effet de la chaleur. Comme si l’incendie en lui-même ne suffisait pas. « Une touffe d’ajonc, c’est 30 gousses. Dans chaque gousse, c’est six à sept graines. Lorsqu’elles éclatent, les graines peuvent se disséminer sur 15 à 20 mètres », s’inquiète le professionnel. L’ajonc, l’autre cauchemar après l’érosion…