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Madagascar: Entre fraudes et confrontations ?

Point d’orgue pour la transition malgache le 18 janvier 2014: la CES ou Cour Electorale Spéciale doit en effet statuer sur les multiples requêtes relatives au deuxième tour de la présidentielle à Madagascar…   /Renversements de voix : / Quelques chiffres, publiés par la CENIT –Commission Electorale Nationale Indépendante de la Transition- pour situer le […]

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 10 janvier 2014 à 17H02
Point d’orgue pour la transition malgache le 18 janvier 2014: la CES ou Cour Electorale Spéciale doit en effet statuer sur les multiples requêtes relatives au deuxième tour de la présidentielle à Madagascar…
 
/Renversements de voix : /
Quelques chiffres, publiés par la CENIT –Commission Electorale Nationale Indépendante de la Transition- pour situer le contentieux post-électoral suite au deuxième tour de l’élection présidentielle entre Jean-Louis Robinson (opposition) et Hery Rajaonarimampianina (candidat de la transition au pouvoir depuis 2009):
*une hausse de 2% du nombre d’inscrits au 2e tour  avec 7.968.321;
*une baisse de 16% du taux de participation avec 4.044.391 votants avec un taux d’abstention  de 49% au deuxième  tour;
*une hausse phénoménale de 186% de 721.206 à 2.066.103 voix pour Hery Rajaonarimampianina déclaré « vainqueur officieux » au  2e tour par la CENIT le 03 Janvier dernier ;
*une hausse plus modeste de 88%  de 955.534 à 1.796.122 voix pour Jean-Louis Robinson , « battu officieusement » au deuxième tour avec un écart de  269 981 voix.
 
/Résultats provisoires et contradictoires :/
Dès le 23 décembre – trois jours après le scrutin du deuxième tour-  le candidat  Jean-Louis Robinson adresse à la Cour Electorale Spéciale une requête aux fins de suspension, de confrontation, de vérification et de recomptage « face à plusieurs suspicions de fraude massive lors des élections présidentielles du second tour en date du 20 Décembre 2013».
Dans la foulée, il dépose le 31 Décembre plusieurs centaines de requêtes à ladite Cour Electorale Spéciale et boycotte la séance de proclamation des résultats provisoires de la CENIT le 03 janvier 2014, tandis que son représentant annonce ce même jour à la presse des résultats collectés par ses délégués sur environ 19000 bureaux de votes,  indiquant : «Jean-Louis Robinson vainqueur avec 52%  soit 200.000 voix de plus par rapport au score « officieux » par la CENIT, tandis que ces estimations relèguent Hery Rajaonarimampianina en seconde position avec 48%» !
 
/ Fraudes multiples?/
Or le candidat Jean-Louis Robinson n’est pas le seul à dénoncer des fraudes, il ya aussi des candidats aux législatives, comme en témoigne un communiqué publié sur Facebook , signé « Limby candidat »  à Toliara I : « Actuellement il est avéré que les élections législatives dans ma circonscription électorale sont entachées d’irrégularités graves : falsification cartes électorales et de cartes d’identité, bourrage d’urnes, pressions et menaces à l’endroit des responsables électoraux, falsification de procès-verbaux, utilisation de faux bulletins de vote, etc. ; contre toute attente,  la représentation locale de la Commission Electorale Nationale Indépendante de la Transition (CENIT) en charge de l’organisation de ces élections et du dépouillement des bulletins  a délibérément transmis des résultats  à son bureau central à Antananarivo (CENIT nationale), sans aucune mention des irrégularités flagrantes constatées et rapportées par les délégués des candidats. […] Face à cette situation, un collectif de candidats s’est constitué pour  faire en sorte que le résultat sorti des urnes reflète bien le choix des Tuléarois. […] ».
On signale également dans diverses localités :
*des bureaux de vote où la carte d’identité n’est pas exigée, ce qui facilite le vote « d’électeurs mobiles », transportés d’un village à un autre ;
* la pratique des PV pré-signés, qui incite la corruption des membres de bureaux de vote pour l’enregistrement de résultats faussés ou simplement inversés entre les deux candidats ;
* la disparition de lots de bulletins uniques et d’imprimés de procès-verbaux ;
* tandis que des bulletins sont en nombre insuffisant dans la capitale Antananarivo, réputée favorable à l’opposition.
Enfin, d’après les observateurs locaux, le système du « bulletin revolving » – qui consiste à « faire sortir » du bureau un bulletin vierge (remplacé dans l’urne par un simple bout de papier plié !), ensuite précoché en faveur d’un candidat, puis échangé par l’électeur « client» contre un nouveau bulletin vierge à la sortie du bureau, moyennant un billet de 1000 ariary (1 Euro= 3000 Ariary actuellement): avec ce système,  on arriverait facilement à un seuil minimal de 200.000 voix « négociées » avec seulement 20 bulletins « échangés » sur 10.000 bureaux de vote sans traces de fraude visible, ni par les observateurs internationaux ni par  la CENIT ou la CES… car les témoins sont nombreux mais ne se manifestent pas, de peur des représailles !
 
/ «Justice can wait ?»/
La Cour Electorale Spéciale devrait publier son arrêt sur les requêtes en annulation partielle des résultats du 2e tour, dans un délai de 15 jours suite à la proclamation des résultats provisoires du 03 Janvier dernier par la CENIT.
En attendant, la CENIT a publié le 10 janvier les résultats provisoires des législatives, tenues également le 20 Décembre dernier, en vue de pourvoir les 151 sièges de la future Assemblée Nationale:
*Avant même la publication des résultats provisoires, la mouvance MAPAR « Avec le Président Andry Rajoelina » affirme déjà détenir la majorité parlementaire, indispensable pour imposer le schéma à la Poutine qui propulserait Andry Rajoelina à la Primature;
*De son côté, le Ministère de l’Intérieur annonce unilatéralement l’organisation éventuelle de  législatives partielles, au vu des manifestations de rue spontanées face aux manipulations de voix dans certaines localités.
Sur la base des nombreux témoignages de fraudes collectées par les simples citoyens et les observateurs locaux, la société civile tente de mobiliser l’opinion pour un recomptage des bulletins et une confrontation des procès-verbaux.
Elle s’inquiète par ailleurs du « silence assourdissant » de la communauté internationale face au contentieux électoral. Dans ce contexte, une petite phrase de Leonardo Simao résume bien la position des grandes chancelleries, notamment la SADC, l’Union Européenne et les Nations Unies: “We are only concerned by peace and stability. Justice can wait”. So wait and see ?
 
Ce 10 Janvier 2014 par Adygasy-systemD

 

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