Mais au lieu des tables du Casino, en tant que pêcheurs chevronnés, ils choisissent les plateaux de corail en face du port de Terre-Sainte. Pour cela, ils embarquent dans la pirogue de l’un d’eux… avec du matos de pêche sous-marine, ce qui est interdit pour la saison.
Ils connaissent leur affaire et ont vite fait d’engranger quelques beaux kilos de zourites, vivaneaux et autres macabits. Ils mettent leurs prises dans une grande bassine où la poiscaille continue de s’ébattre : ils veulent vendre du frais. On est consciencieux ou on ne l’est pas.
Ils n’ont pas remarqué qu’ils sont épiés par un agent du Comité régional des pêches. Pour la simple raison qu’ils se sont déjà fait gauler à Grande-Anse il n’y a pas si longtemps… avec la même voiture qu’ils utilisent aujourd’hui. On n’est pas plus inconséquent.
Qui plus est, nos étourneaux, au lieu de vendre leur larcin discrètement, s’en vont le fourguer au GIE Léonce, qui a son échoppe de vente de poissons juste en face de l’entrée du port de Saint-Pierre.
Comme discrétion, on fait mieux. Délit vite constaté, procès-verbal vite rédigé, poursuites vite engagées.
Après avoir cherché à noyer le poisson (oups !) durant l’enquête, les pêcheurs en missouk et leurs deux acheteurs du GIE finissent par manger l’hameçon (je le fais pas exprès, juré !) et avouent tout ce qu’on veut.
Le substitut Bernard a mis en exergue le fait que l’activité de pêche clandestine mettait en péril l’emploi des professionnels payant patentes et impôts, et a modulé ses réquisitions.
Suivi comme son ombre par le tribunal : 800 euros ferme pour le propriétaire de la pirogue ; 1500 avec sursis pour son complice plongeur en eaux troubles (mouais !) ; 1000 avec sursis pour les acheteurs peu regardants. Solidairement, ils devront casquer 1440,20 euros au Comité des pêches maritimes.