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Loi Egalité réelle pour l’outre-mer : L’occasion ratée d’Ericka Bareigts…

Ericka Bareigts est devenue ministre par accident, après la volonté manifestée par George Pau-Langevin de retourner sur le terrain pour tenter de sauver son poste de député. Elle aurait malgré tout l’opportunité de laisser son nom dans l’Histoire des outre-mer grâce à sa fameuse loi sur l’Egalité réelle. Il n’en est malheureusement rien. La montagne […]

Ecrit par zinfos974 – le lundi 10 octobre 2016 à 20H02

Ericka Bareigts est devenue ministre par accident, après la volonté manifestée par George Pau-Langevin de retourner sur le terrain pour tenter de sauver son poste de député. Elle aurait malgré tout l’opportunité de laisser son nom dans l’Histoire des outre-mer grâce à sa fameuse loi sur l’Egalité réelle. Il n’en est malheureusement rien. La montagne a accouché d’une souris…

En politique, il y a les visionnaires et les gestionnaires à la petite semaine. Ericka Bareigts fait malheureusement partie de la deuxième catégorie…

Les derniers visionnaires qu’a connu la Réunion s’appellent Michel Debré et Paul Vergès. L’un avec son projet de départementalisation et le second avec ceux d’autonomie et d’égalité sociale. Ce sont les seuls à avoir offert aux Réunionnais un programme qui se déclinait sur 10, 15 voire 20 ans.

Prenons le cas de l’égalité sociale de Paul Vergès. Quand il a proposé ce concept aux Réunionnais à la fin des années 80, le leader du PCR savait pertinemment que jamais il ne l’obtiendrait dans l’année qui suivrait. Mais il avait compris que les présidents de la République, quel que soient leurs bords, allaient être obligés de lâcher des miettes à chaque élection d’importance, pour gagner les voix des Domiens. Et c’est effectivement ce qui s’est produit… Ce qui permettait à Paul Vergès de continuer à vendre du rêve aux électeurs : « Vous avez obtenu une hausse de 10% du SMIC. C’est grâce à moi. Si vous voulez continuer à obtenir des rattrapages dans le futur, il va falloir continuer à voter pour moi« . Et ça marchait…

Aujourd’hui, l’égalité sociale est une réalité. Pour autant, un Réunionnais est-il l’égal d’un métropolitain? Clairement, non !

Il y avait donc un boulevard pour un homme -ou une femme politique- d’envergure nationale pour reprendre le flambeau et obtenir ce que j’ai appelé à la fin des années 80 le combat pour l’égalité totale. J’ai essayé de « vendre » le concept à nombre d’hommes politiques, sans résultats. Jusqu’à ce que j’en parle un jour à Patrick Karam qui a été emballé par l’idée et qui a repris le concept en le nommant Egalité réelle.

Mon constat était simple : Un Réunionnais sera l’égal d’un métropolitain le jour où le chômage sera à la Réunion au même niveau qu’en métropole, le jour où le prix des marchandises dans les rayons des supermarchés sera équivalent, où pour se déplacer sur le territoire national nous paierons le même prix que le Zoreil le plus défavorisé, c’est-à-dire celui qui doit voyager de Marseille à Lille, le jour où nous paierons le même montant pour un service de même qualité pour le téléphone et internet, où le prix des journaux et des livres sera identique, etc, etc…

Des mesures basiques, à même de parler aux Réunionnais…

Et la liste pouvait se décliner à l’envi, comprendre des sujets hyper importants et d’autres plus futiles, et constituer la base d’un solide programme électoral. Du pain béni pour un homme politique ambitieux…

Malheureusement, Patrick Karam, puis Ericka Bareigts, ont subi de multiples pressions pour dévoyer l’idée originelle. De la part des milieux patronaux qui ont senti là l’occasion de faire passer un certain nombre de réformes économiques, certes importantes mais incompréhensibles par le commun des électeurs, mais aussi de la part des énarques du ministère de l’Economie et des Finances qui voyaient d’un très mauvais oeil toute velléité de réforme qui serait venue alourdir le déficit de nos comptes nationaux…

Ces Messieurs n’avaient pas compris que, comme pour l’Egalité sociale de Paul Vergès, il n’était pas question d’obtenir tout, tout de suite. Non, l’objectif était de tracer des perspectives et de se battre ensuite pour obtenir des avancées pas à pas, ti lamp ti lamp…

Au final, Ericka Bareigts a pondu une loi de technocrates qui ne sera comprise que par les technocrates…

Son texte a été débattu la semaine dernière à l’Assemblée nationale. Vous en avez retenu quelque chose, vous???

Il s’agit pourtant d’une loi qu’on nous présentait comme majeure, portée par une Réunionnaise, pour les Réunionnais. Ca aurait dû faire du bruit… Il n’en fut malheureusement rien… Un vrai pétard mouillé !

Cela ne signifie pas que notre ministre ne s’est pas battue. Cela ne signifie pas qu’elle n’a rien obtenu. Les avancées de son texte se chiffrent probablement en centaines de millions d’euros. Mais elle a un défaut majeur : elle est incompréhensible. Et elle n’a rien d’enthousiasmant, rien qui parle au coeur des Réunionnais.

Je cite le correspondant du JIR à Paris : la loi prévoit « l’élaboration des plans de convergence en co-construction avec les collectivités et le gouvernement, (et) les principaux acquis concernent les mesures d’alignement sur l’Hexagone de certaines prestations sociales, de nouvelles mesures liées à la continuité territoriale, numérique et postale, des mesures économiques liées au logement social et au BTP, l’aide au fret et la prolongation de deux ans de la LODEOM (contre un jusqu’alors)« . Voilà ce que ce journaliste habitué des débats à l’Assemblée a retenu !

Du charabia qui n’apportera pas une seule voix supplémentaire à Ericka Bareigts aux prochaines élections législatives où elle sera à nouveau candidate !

La loi sur l’Egalité totale reste donc à écrire. Au vu des sondages, elle devrait être l’oeuvre d’un futur ministre de Droite…

Dommage Ericka, tu as laissé passer ta chance…

 

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